L’humanité a enfin acquis la capacité de se soustraire à la contrainte de la ressource

Et le titre n’est pas putaclic, il n’est pas vain ni sans raison. Nous nous apprêtons à changer de civilisation et ce n’est pas le réchauffement climatique où l’épuisement de la ressource qui l’induit, mais la connaissance, qui progresse à vitesse fulgurante, et permet désormais de produire la ressource au lieu de simplement l’extraire. Les seules limites de l’Humanité reposent sur la connaissance, qui progresse exponentiellement.

Jusqu’à présent la croissance, comprendre le développement de l’humanité, n’a reposé que sur l’extraction de matière pour l’exploiter, très basiquement. On prend du bois et on le brûle, on prend du charbon et on le brûle, on prend du pétrole et on le brûle. On extrait des métaux, des terres rares, on en fait quelque chose et on jette, éventuellement on recycle quand c’est facile et bon marché et qu’on est capable de le faire, parce que le recyclage aussi est quelque chose de complexe. L’humanité, consciente de l’inefficacité de ces cycles s’est concentrée sur leur amélioration et la connaissance acquise a permis de s’éloigner de cette approche.

L’humanité a progressé très fortement avec la révolution industrielle, de manière exponentielle, plus en à peine 250 ans qu’auparavant depuis l’apparition du premier hominidé sur Terre il y a plusieurs millions d’années, et a ainsi apporté de nouvelles possibilités pour obtenir et exploiter la ressource. La substitution, on remplace ce qui va manquer par autre chose, des terres rares par des matériaux communs, un métal précieux rare par un moins précieux, on convertit des matériaux vils pour leur conférer les caractéristiques d’une terre rare, on remplace un métal en tension par un autre plus commun. On change de technologie, par une nouvelle qui offre le même service, éventuellement meilleur, potentiellement moins chère, plus écologique et qui résout le problème de la rareté en se passant purement et simplement de ce qui est rare. On va chercher dans l’espace ce qu’il nous faut, où les quantités disponibles sont virtuellement illimitées, résolvant la vieille Lune (si vous me passez l’expression) des décroissants à propos d’une soi-disant « planète finie », les « limites terrestres », qui en fait ne sont là encore déterminées que par la connaissance. Et un certain nombre sont dépassées en raison de la frénésie de la fin du 20e siècle et du début du 21e siècle pour s’accrocher à l’emploi comme socle de la distribution de la création de richesse, ce qui implique de conserver les technologies du 20e siècle, plus génératrices d’emplois, mais plus inefficaces et nécessitant de ravager la planète. D’accepter d’évoluer va mécaniquement calmer le jeu en dégonflant la pyramide de consommation nécessaire pour compenser l’attrition constante depuis des décennies du nombre d’heures travaillées par des humains en proportion de la création de richesse, ce d’autant que cela autorisera le passage à des technologies du 21e siècle, moins gourmandes en ressource et plus génératrices de valeur ajoutée, même si de moins d’emplois, mais de meilleure qualité.

Le recyclage coûtait cher et n’était pas très efficace, parce que récupérer des matériaux combinés à d’autres est extrêmement complexe et d’en récupérer certains en détruit d’autres. Là aussi la connaissance a progressé et désormais le recyclage non seulement à évolué, devenant de plus en plus précis et efficace, mais également moins cher que l’extraction, capable même de fournir de la matière de meilleure qualité, plus pure, que la matière neuve issue de l’extraction. D’autant que l’écoconception,  qui fait que le recyclage est prévu à la conception de l’objet, améliore considérablement les possibilités. A l’instar de ce transistor, construit de manière à pouvoir être déconstruit et donc récupérer l’intégralité des matériaux qui le composent très facilement. Et c’est vrai pour absolument tout et n’importe quoi, des panneaux solaires, des pales d’éoliennes, mais et aussi tout le reste : vêtements, véhicules, équipements électroniques, matériaux de construction, emballages, etc.. Toutes choses que l’ingénierie permet désormais, grâce au développement exponentiel de la connaissance.

Mais ce qui fait que nous nous trouvons à un point charnière de l’Histoire de l’Humanité, à côté duquel la maîtrise du feu, la découverte de la roue ou l’apparition de l’écriture ne sont qu’anecdotiques, c’est la synthèse. L’humanité a enfin acquis la capacité de se soustraire à la contrainte de la ressource. Autrement dit : peu importe que la ressource soit disponible ou non, si elle ne l’est pas, on la fabriquera. Désormais c’est le besoin qui commande la ressource et non plus la ressource qui répond aux besoins. On sait tout aussi bien produire des aimants, plus performants que ceux contenant du néodyme, un matériau rare, par synthèse moléculaire que du matériau supraconducteur , du diamant industriel ou de l’hydrogène métallique. Et avec la valorisation du CO2 comme matière première, c’est carrément l’explosion des possibles, on peut réaliser en CO2 tout ce que nous faisions avec le pétrole et plus, beaucoup plus, y compris de la protéine alimentaire pour le bétail et l’humain. De là à soutenir que la pollution est la réponse à la faim dans le monde (si)…

Et tout devient possible :

Bois synthétique
Cuir synthétique
Diamant synthétique
Engrais et plastique synthétiques
Oeuf synthétique
Peau synthétique
Lait synthétique
Fromage synthétique
Carburant synthétique
Protéine synthétique
Soie synthétique
Viande synthétique
Etc… etc…

L’Humanité progresse continuellement et des scientifiques viennent de réaliser pour la première fois une transmutation moléculaire de manière répétée et donc maîtrisée, à partir d’une même molécule, ils ont produit trois matières différentes en réorganisant les atomes. Ce qui ouvre la voie à la nouvelle civilisation. Il faut bien intégrer la fantastique portée philosophique de cette expérience. Ce procédé n’est que la première étape de la future nucléosynthèse qui permettra de créer les atomes nécessaires à la création de la matière recherchée à partir des atomes contenus dans l’environnement. Le concept est connu depuis très longtemps. Il y a belle lurette qu’on a été capables de reconstituer des molécules à partir d’autres molécules en réorganisant les atomes. Mais ça nécessitait une puissance, une énergie, absolument colossale, pour quelques molécules. Dans ce cas, avec  très peu d’énergie, ils sont parvenus à créer trois matières différentes à partir d’une même molécule, c’est tout aussi colossal que l’énergie qu’il fallait jusqu’à présent pour obtenir un résultat quelconque.

Ce qui implique qu’un jour les synthétiseurs, tels qu’on en voit dans les séries de science-fiction, comme Star Trek, existeront bel et bien. Il suffira de disposer d’une source d’énergie et de documenter la matière que l’on cherche à obtenir pour que la synthèse se fasse et fournisse ce dont nous avons besoin. Et c’est vrai pour à peu près n’importe quelle molécule. Il y aura certainement des barrières physiques, certaines matières ne pourront pas être synthétisées pour une raison ou une autre, c’est possible. Il n’en reste pas moins que l’on pourra tout aussi bien créer un poulet-frites mayonnaise avec des haricots qu’une terre rare ou un métal. Si on veut une pièce en acier, on la dessine et le synthétiseur la crée, à la forme voulue, dans la ou les matière.s voulue.es. Comme l’impression 3D, qui déjà ouvre passablement de perspectives industrielles, médicales, écologiques, permettant d’imprimer des organes, des vêtements, des véhicules, de la nourriture… mais sans devoir lui fournir la matière première à imprimer. Ce sont les atomes présents dans l’environnement qui serviront de matière première.

Utopie ? Oui, pour ce siècle probablement. Difficile de dire quand ceci sera possible. Au siècle suivant ? Dans 400 ans ? Il peut se passer tant de choses entretemps, le développement humain n’ayant rien de lisse. Mais ça se produira et, en tout état de cause, dans l’immédiat il y a déjà quantités de choses qui sont possibles, se font ou se feront à court ou moyen terme et rien que ces possibles là résolvent à eux seuls la question immédiate de la ressource. L’exemple type est le cuivre, dont il est affirmé que la transition énergétique va en multiplier la consommation par 20. Alors qu’en réalité il n’a pas d’avenir, parce que trop inefficace. Seulement, tant qu’il est à un prix abordable, l’industrie n’a pas d’intérêt d’évoluer. Seulement plus une ressource devient moins accessible, parce qu’elle se raréfie ou devient plus compliquée à extraire et plus son cours monte. Le cuivre a d’ores-et-déjà connu une envolée considérable, rendant commercialement plausible sa substitution par le carbone, ce que Xiaomi est en train de faire, remplaçant le cuivre sur son nouveau moteur en développement par un enroulement de fil de carbone, qui offrira une plus grande résistance mécanique et thermique à son moteur, qui pourra tourner beaucoup plus vite et offrir un bien meilleur rendement. On peut citer Ecoswing, qui construit des éoliennes à enroulements supraconducteurs, donc sans cuivre, et offrant une efficacité un tiers supérieure aux éoliennes conventionnelles. Voilà pourquoi le cuivre n’aura pas d’avenir.

Il en ira ainsi pour toutes les ressources qui ne sont en réalité que des ressources des technologies du 20e siècle. La question n’est donc plus de se demander si les choses se produiront, on sait que ça se fera, on en approche. La question est uniquement quand. Ce d’autant qu’en plus de la raréfaction de la ressource des technologies du 20e siècle, avec l’augmentation de l’extraction des problèmes de tension sociale apparaissent, ainsi que des réglementations, comme l’interdiction d’exploiter les fonds marins pour préserver ce qui reste d’environnement. Ce quand est donc crucial, parce qu’il indique que nous sommes bel et bien à la fin de la préhistoire de la civilisation. Les signaux de ce basculement ne sont pas le réchauffement climatique ou l’épuisement de la ressource, comme le répètent inlassablement les déclinistes. Les signaux de ce changement sont que l’émergence de l’intelligence artificielle, qui fera de l’intelligence humaine une intelligence globale, universelle, au sein de laquelle tout individu aura accès à une intelligence d’un QI virtuellement illimité, de 500 ou 1000, sachant que l’humanité est parvenue jusqu’ici avec un QI moyen de 100. La différence étant qu’avec les réseaux les intelligences individuelles vont s’additionner, au lieu de se confronter, comme ça a été le cas depuis l’apparition de l’esprit.

L’intelligence humaine, change. Et c’est un fait avéré, scientifiquement constaté. Tout comme la maîtrise du feu a permis la cuisson des aliments, les rendant plus digestes, ce qui a développé son cerveau et donc son intelligence, l’interconnexion implique une intelligence plus globale, moins individuelle. L’humain accède à la connaissance, il résout des problèmes insolubles pour lui jusqu’à présent, prend des décisions très rapidement. Et c’est ça qui est le signal du changement de civilisation, qui fait que, enfin, l’humanité est parvenue à se soustraire à la contrainte des limites de la ressource qui non seulement ne manquera jamais, mais elle en disposera exponentiellement de plus en plus dans un proche avenir. Dans les prochaines décennies l’humanité va déjà synthétiser une partie des matériaux essentiels du 21e siècle : fibre de carbone à base de CO2, plastique à base de CO2, céramique, hydrogène métallique, etc… La société s’organise vers une intelligence universelle, plus inclusive. Jusque-là l’intelligence du groupe ne pouvait pas être très supérieure à l’intelligence la plus élevée du groupe. Et dans certains cas elle pouvait même être inférieure. Avec les réseaux, il ne faut plus percevoir les individus comme des intelligences indépendantes, mais comme des unités synaptiques autonomes terminales qui viennent s’additionner à la puissance du groupe générant l’intelligence collective que l’intelligence artificielle va structurer progressivement, menant à l’intelligence universelle.

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