La question de l’arrivée dans notre alimentation de la « viande synthétique » commence à se poser. Mais l’interprétation de son utilisation qui en sera faite est encore floue et –vraisemblablement– erronée.
De la vraie viande
La première erreur consisterait à parler de « fausse viande », ce qui n’est pas le cas. Il s’agit de vraie protéine animale, mais élevée en laboratoire plutôt que sur un être vivant. Mais ce sont les mêmes cellules qui se développent de la même façon.
La protéine animale synthétique n’est ni un produit artificiel, ni un produit chimique, c’est juste de la viande. Le premier hamburger crée par ce procédé ne devait pas être très savoureux puisqu’il n’était finalement composé que de muscle. Or même si on ne mange que du muscle naturel, il y a dedans tout un tas d’autres choses, du sang, qui draine des lipides. Là, il n’y avait que le muscle, comme si on prenait un muscle d’animal et qu’on le lave jusqu’à ce qu’il ne reste rien d’autre. Forcément, c’est un chouilla moins savoureux, mais ce n’est pas plus malsain ou plus artificiel pour autant, c’est juste moins savoureux, c’est tout.
Des préparations carnées sans viande
Il faut savoir que les préparations contenant des ingrédients carnés comme les raviolis, les cannellonis, les lasagnes, le hachis parmentier, les hamburgers, les boulettes de viande, la sauce bolognaise, etc… ne contiennent pas de viande!
A l’origine, toutes ces préparations étaient faites avec de la viande. Les bas morceaux servant alors au nourrissage des animaux de compagnie, le pet food. Nos chats et nos chiens mangeaient des boîtes si bonnes que les miséreux s’en nourrissaient parfois, bien que certains ingrédients, en quantités trop faibles pour être listés, n’avaient rien de bien catholique.
La population augmentant et les techniques de production industrielle s’améliorant, ce qui était destiné au pet food, les bas morceaux, ont été ajoutés aux préparations industrielles carnées. Les animaux de compagnie devant alors se contenter de « sous-produits animaux »…un terme vague pour définir que ce que nous donnons à nos amis n’a plus grand-chose à voir avec de la viande.
In fine, dans toute cette industrie il n’y a plus beaucoup plus de viande dans les préparations carnées qu’il n’y a de corps du Christ dans une Ostie.
Un usage différent
Beaucoup s’imaginent manger tout simplement des steaks ou des côtelettes de viande synthétique. Il y a fort à parier que dans l’avenir, grâce à l’impression 3D, on pourra, en produisant également d’autres matières par le même procédé, reconstituer visuellement une tranche de viande. Peut-être même qu’elle ressemblerait à s’y tromper à une tranche issue d’un animal. Mais je ne crois personnellement pas que ça se produira, tout simplement parce que ça n’a strictement aucun intérêt. Ce serait des manipulations plus lourdes, plus coûteuses.
Non, le but est de produire la protéine animale synthétique. C’est aujourd’hui ce qui manque dans les préparations industrielles contenant des ingrédients carnés.
Tout ceci ne compromet évidemment pas le vrai bon morceau de viande issu d’un élevage artisanal, comme celle que je mange, qui vient de chez Gaby, un animal qui connaissait son nom, qui est monté paisiblement, en confiance, dans le camion qui l’a emmené vers sa funeste destinée et qui a cru recevoir un gratouillon lorsque le boucher s’est approché au moment fatidique.
Simplement, on en fera un usage beaucoup plus raisonnable. Aujourd’hui, de la viande, on en mange tellement sans la voir qu’on ne s’en rend même plus compte. Il y en a partout. Dans une poêlée de légumes, sous forme de lard, sur les pizzas surgelées, dans une infinité de sauces, même dans les soupes, avec « plus de jambon » ou « plus de lard », pour faire plus « campagnard comme chez grand-mère ». La quantité de viande ingérée est ubuesque, poussée à l’absurde et il est aujourd’hui difficile de trouver une simple soupe qui n’en contienne pas. 98% des plats préparés sont à base de viande : boeuf en daube, sauté de veau, émincé de porc en sauce, etc..etc…etc… Nous sommes passés, en moins d’un siècle, à une consommation au mieux bi-mensuelle de viande à une consommation pluriquotidienne.
On nous la dissimule pour nous en faire bouffer, comme si elle était un ingrédient de base. Je viens de manger une glace, j’ai jeté le papier, j’ai oublié de regarder si elle ne contenait pas de la viande, dans le chocolat, ou la vanille, ça ne m’étonnerait pas le moins du monde. Et si ce n’est pas sous forme de viande, ce sera dans le gélifiant ou tout autre agrégat de la composition.
Une amélioration sensible de la qualité et une baisse de prix
A ne pas s’y tromper, si lorsque les pesticides ont été introduits dans l’agriculture ils ont augmenté la pollution et l’empoisonnement en même temps que la qualité, de même que pour les médicaments, qui en même temps qu’ils ont augmenté considérablement l’espérance de vie ont engendré de nouveaux problèmes en conséquence de l’empoisonnement qu’ils causent, il n’en est pas du tout de même pour la viande synthétique.
Non, bien au contraire, c’est de la vraie bonne viande, mais débarrassée de ses toxines, qui peut être équilibrée ou enrichie en divers vitamines, oligo-éléments, sans contre-indication. De fait, plus on mettra de viande synthétique dans une préparation industrielle carnée et plus sa qualité augmentera, baissant son taux de graisses, permettant de réduire les exhausteurs de saveur, à commencer par le sel. Et, de toute façon, plus il y aura de viande synthétique, plus il y aura de viande tout court, vu la composition de ces produits actuellement.
Nos compagnons à 4 pattes en profiteront aussi, parce que leurs boîtes sont devenues tellement dégueulasses qu’ils les refusent et on ne parvient les leur faire avaler que parce que les fabricants les bourrent de produits d’appétence. Là, au moins, ils mangeront de la viande.
Et comme la production de viande synthétique ne revient qu’à pas grand-chose une fois le processus industrialisé, tous les produits qui en contiendront seront moins chers.
Il reviendra moins cher de produire de la viande synthétique que de traiter industriellement les sous-produits animaux de manière à les rendre suffisamment comestibles afin de pouvoir les mettre dans des raviolis ou des cannellonis.
D’où des produits meilleurs et moins chers.
C’est l’écologie qui en bénéficiera le plus
Le problème du monde actuel, c’est de nourrir tout le monde. On commence à optimiser la production et la distribution, en distribuant jusqu’aux produits que personne ne voulait jusque-là. Le défrichage de l’Indonésie et de la Malaisie pour la production d’huile de palme ou le défrichage de l’Amazonie pour le soja heurtent et font prendre conscience de la mort rapide des derniers pans de nature sauvage.Et ce alors que pour nourrir à leur faim le 80% de la planète qui ne mange pas encore à sa faim il faudrait doubler encore la production agricole d’ici 10 ans tout en la convertissant rapidement au bio pour soulager une nature où l’eau, l’air, la terre, sont contaminés par les pesticides, les sols érodés par la culture industrielle, les consommateurs empoisonnés par les produits. Et ça alors que les trois-quarts (oui, les trois-quarts) de la production agricole végétale mondiale ne sert qu’à nourrir le bétail !! Une pure folie !!
L’élevage devient abominable, de plus en plus irrespectueux de l’animal. La planète toute entière se heurte des usines à animaux. Désormais, on se traite de tous les noms et on mange avec dégoût son steak immonde ou sa côtelette dégueulasse achetée au supermarché du coin. Même les bouchers n’y échappent pas, puisque désormais l’animal choisit doit être abattu à l’abattoir, en raison de normes sanitaires qui ont décrété que l’animal de consommation était un vulgaire produit. On parle désormais de « stock sur pied », « de minerai » pour décrire leur viande. C’est assez incroyable.
Le véganisme est la réplique immédiate du traitement accordé aux animaux d’élevage, élevés dans des conditions de plus en plus abjectes, nourris par des aliments suspects, transportés dans des conditions innommables et abattus dans des conditions abominables, tremblant de chiasse sur leurs jambes flageolantes, débités vivants à la chaîne, retournés dans leurs berceaux pour que le boucher puisse mieux découper leur gorge avant de les balancer comme des poubelles sur le côté le temps qu’ils agonisent. Et ça, c’est chez nous, il faut voir ailleurs, où on enterre vivant les porcs dès qu’une bête apparaît malade, où on brûle vivants les poulets.
Tout ceci est désormais inacceptable et inaccepté.
Avec la viande synthétique, à terme, c’est terminé. Imaginez qu’il y ait seulement 10% de viande synthétique dans toutes les préparations industrielles contenant des produits carnés, la diminution d’animaux abattus est déjà considérable, c’est en centaines de millions. Dans les steaks hachés premier prix (les steaks à chier) on pourrait pousser sans problème à 50%, vu le taux de gras, de sel et de produits animaux qui ne sont pas considérés comme de la viande dans la composition. Le steak n’en serait que meilleur.
A terme, c’est tout simplement la fin de l’élevage industriel et la récupération des terres agricoles correspondantes pour nourrir l’homme. On risque même d’en avoir trop et d’en rendre à la nature.