Pourquoi la France fait soi-disant « moins bien » que l’Allemagne ou le Royaume-Uni sur le chômage ?

Réponse  …parce qu’elle n’a pas encore abandonné son modèle socio-économique respectueux de l’humain !

En effet, c’est en France qu’il y a le moins de travailleurs pauvres. L’Allemagne, la Suède, le Royaume-Uni, ont tous pratiqué la même méthode pour résoudre leur chômage : ils ont creusé l’inégalité en paupérisant les plus pauvres des travailleurs.

…Et c’est ce que s’apprête à faire la France avec Macron et, comme de juste, il n’est jamais nécessaire d’attendre longtemps pour me donner raison. En gros, ce qui est dit dans cet article, c’est qu’en expliquant mieux les avantages sociaux on peut négocier les salaires à la baisse, tout simplement. 

La totale activité par la totale précarité

Le modèle choisi pour donner du travail plutôt qu’évoluer repose partout sur le même principe : la précarisation des plus pauvres par des « mini-occupations », favorisant ainsi ceux qui ont des CDI de manière à en faire une solide base active et consommatrice, faisant revenir la société, progressivement, à une économie de la domesticité pudiquement appelée « de services ». La masse pauvre est exploitée pour servir de chair à canon dans la guerre à la croissance, pour apporter le complément peu coûteux visant à dynamiser le tissu économique pour renforcer ceux qui en bénéficient, les ouvriers qualifiés, les cadres, les riches. Ainsi, le circuit productif est-il assuré grâce à cette manne laborieuse sacrifiée et sacrifiable.  Robin des bois à l’envers quoi, on prend aux plus pauvres pour donner aux plus riches.

En Allemagne les fameux « minijobs », payés au lance-pierre pour maxi 20 heures par semaine et exonérés de charges sociales pour inciter les patrons à y faire appel. Le principe repose sur le fait que quelqu’un gagnant 1300 euros par mois ne pourra pas s’offrir une voiture neuve. Ayant déjà juste les moyens de survivre, l’achat d’une voiture est exclu. Au contraire de celui qui gagne 2200 euros par mois, qui lui peut s’offrir une voiture neuve. Alors, prenons 500 euros par mois à ceux qui gagnent 1300 euros et répartissons cette manne entre ceux qui gagnent déjà 2200 euros. Ca ne changera rien pour celui qui n’a plus que 800 euros, il ne pouvait de toute façon pas s’acheter de voiture, donc bon, lui donner ces 500 euros était un gaspillage. Alors que celui qui gagnait 2200 euros gagnant désormais plus, pour lui, ça change tout, non seulement il peut toujours s’acheter une voiture neuve, mais plus chère. Ainsi, pour une même masse salariale totale, on a plus de consommation.

Au Royaume-Uni, les contrats « 0 heure ». Rémunérés au salaire minimum, mais alors il n’y a aucune obligation de la part de « l’employeur », le salarié s’engage juste à être disponible quand il aura besoin de lui, selon son bon vouloir. Et gare à celui qui ne serait pas disponible, le « non-employeur » pourrait lui réclamer des indemnités en échange du fait qu’il ne vous ait pas donné de travail. Ainsi, le « non-employeur » sait qu’il dispose d’une masse corvéable à tout moment. A lui de donner quand même un minimum de travail pour que le contrait soit maintenu. Trop peu, il perd son non-salarié et donc sa masse corvéable, trop, il perd l’intérêt du contrat 0 heures, la masse corvéable doit rester une masse corvéable, l’objectif étant d’enrichir le patron et donner du boulot à ses salariés. La masse corvéable, elle, doit juste servir à huiler la machine.

Et c’est pareil au Danemark ou en Suède,  etc.. Le Danemark parie sur des conditions de chômage drastiques, formation à donf, contraintes de tous les côtés, vous perdez très rapidement vos droits, vous acceptez donc n’importe quoi plutôt que tout perdre, mais grâce à votre formation, un minimum vous est garanti. La Suède, qui a quasiment fait faillite à la fin des années 90, a privatisé massivement ses services et le travail repose désormais largement sur les syndicats qui tant qu’ils ont un taux de chômage bas peuvent se vanter de réussite. Pour les aider un peu, elle a parié sur l’immigration et ce sont les migrants qui font de facto office de travailleurs pauvres au bénéfice des locaux, même si l’objectif officiel n’est pas celui-là. Et ça marche, elle a connu une belle année de croissance en 2015, une autre en 2016, c’est comme les vendanges, c’est un petit complément qui fait du bien.  In Fine, alors que la Suède est citée en exemple à tours de bras comme une réussite, si elle a le même nombre de pauvres que la France, la grande pauvreté y est plus du double.

Dans tous ces pays le constat est le même : moins de chômage, mais une bien plus grande masse précaire et pauvre, corvéable, soumise, contrainte, même. On met la tête sous l’eau du quart de la population en la menaçant de ne pas la laisser respirer et tant mieux pour ceux qui se noient.

…C’est ce qui se prépare en France !

La « flexisécurité », de nouveaux droits pour le salarié, dont celui de se faire virer

Emmanuel Macron nous prépare exactement la même chose, à savoir la précarisation de la masse pauvre de manière à donner une manne potentielle aux entreprises qui deviennent ainsi plus compétitives et donc donnent du travail à ceux qui ne sont pas des précaires. Bien sûr, ce n’est officiellement pas le cas, où il s’agit de « flexisécurité », c’est-à-dire qu’on protège le salarié tout en lui garantissant des droits.

Ainsi, le salarié gagne le droit de démissionner en bénéficiant du droit au chômage. Mais c’est tous les cinq ans. Tous les cinq ans le salarié peut démissionner, il a droit au chômage, donc à la formation et donc à s’élever dans sa carrière. On lui construit littéralement un plan de carrière, on lui apporte des perspectives, génial non ? En échange de ce gain fantastique, le patron, lui, peut licencier quand il veut avec un coût minimal. L’argument étant que puisque le coût du licenciement est plus faible, le patron prenant moins de risque acceptera plus volontiers d’embaucher. Et comme pour faire bon poids on va lui réduire les impôts de sa société, il pourra produire moins cher et donc être plus compétitif, donc vendre plus et donc embaucher plus.

…Et ça marche, c’est ce qu’on a fait ailleurs avec succès ! Du moins en apparence, en ne prenant en considération que les chiffres qui intéressent la masse conditionnée à les entendre.

Dans les faits, la paupérisation

En réalité, si avec ces manipulations absurdes ne visant qu’à perpétuer le XXème siècle au XXIème siècle plutôt qu’évoluer vers l’économie du XXIème siècle, le chômage diminue bel et bien, ce qui signifie qu’il y a plus de salariés, la masse salariale globale, elle, ne change pas, c’est juste sa répartition qui change.

Histoire de faire un peu sérieux et d’illustrer par quelques chiffres, on va reprendre l’exemple de l’Allemagne qui a le mérite d’être simple. Prenons schématiquement (je mets ça en gras, parce que j’entends d’ici les quolibets alors que ce n’est que pour illustrer, comme si j’étais trop con pour savoir que c’est un chouilla plus compliqué que ça) un échantillon de population de 1000 personnes, « avant » nous avions 120 personnes vivant avec 1300€ et 880 vivant avec 2200€. Masse salariale totale (120 x 1300 + 880 x 2200) : 2’092’000. Désormais, nous avons 220 personnes vivant avec 800€ et 780 vivant avec 2’456€, soit toujours les mêmes 2’092’000 euros de masse salariale, mais répartis différemment. Mais, surtout, outre le fait que désormais 780 personnes ont un meilleur pouvoir d’achat, comme les autres coûtent moins cher, on peut en expl donner du travail à plus de gens. Ainsi, avant nous avions sur les 120 pauvres vivant avec 1300€, 100 chômeurs. Désormais, sur les 220 vivant avec 800€ nous n’avons plus que 50 chômeurs !

VICTOIRE ! Les entreprises sont plus compétitives, elles vendent mieux, le chômage a baissé… que demander de plus ? Et ça, alors on va vous/nous le resservir à toutes les sauces, le « modèle »…

Sauf que, attendez… avant, nous avions 880 personnes qui vivaient bien et seulement 120 pauvres. Maintenant nous n’avons plus que 780 personnes qui vivent bien, avec seulement 256€ de plus par mois, pas le Pérou, sachant que de toute façon ils les utilisent pour payer les mensualités de leur voiture plus chère. Et, surtout, nous avons 220 personnes dans la misère noire. Finalement, nous n’avons pas enrichi les travailleurs les plus riches, par contre nous avons considérablement appauvri les plus pauvres dont nous avons augmenté le nombre.

Et ça, je le rappelle, dans le seul et unique but de retrouver de la croissance, un tout petit peu, mais sans évoluer !

Une pensée « complexe »…

C’est assez simple, finalement, malgré sa « pensée complexe » comme il aime à le souligner. En réalité, c’est un ensemble de petites choses qui misent bout-à-bout constituent une machine à broyer les volontés des individus et donc les individus. Tout dans Emmanuel Macron repose en fait sur l’achaïque et obsolète « valeur travail », qu’il affiche fièrement dans son portrait officiel. Un humain vaut tellement que sa dignité consiste à prendre la place d’une machine, à faire le boulot qu’une machine pourrait faire. En effet, c’est ce qu’on peut appeler une « pensée complexe ». Moi qui a une bien plus haute estime que ça de l’humanité, j’aurais plutôt dit complexée, mais bon.

Tout d’abord, il contraint les chômeurs à subir leur condition. Jusque-là, un chômeur avait droit à son chômage, puisqu’il avait cotisé pour ça. Malgré tout, on considérait qu’un chômeur encore au chômage après un certain temps abusait. Un peu comme quelqu’un qui ayant eu sa maison incendiée se faisait indemniser par l’assurance qu’il avait payée toute sa vie est un profiteur, quoi. Du coup, difficile de lui mettre la pression. Alors, pour résoudre cette question, désormais on va financer le chômage par la CSG, c’est-à-dire que les chômeurs se retrouvent sous la coupe de l’ensemble. N’importe qui est en droit de dire à un chômeur : « je paie pour ton chômage, démerdes-toi pour te sortir les pouces, parce que tu me coûtes cher ». Terminé de pouvoir se réfugier derrière le fait qu’on a cotisé. Dès lors, le chômeur sera tout de suite plus enclin à accepter n’importe quoi.

Un autre avantage est la baisse de charges pour les entreprises, qui en plus de payer moins d’impôts gagnent là encore un chouilla de compétitivité grâce aux impôts, parce que la CSG est un impôt. Autrement dit, les citoyens vont subventionner les entreprises ! Dans une économie normale, ce sont les entreprises qui créent la richesse des citoyens, là ce sont les citoyens qui vont financer la richesse des entreprises, mais oui.

Ensuite, le patron peut licencier plus facilement, pour n’importe quelle cause, puisque le coût du licenciement est beaucoup plus limité. Les éventuelles indemnités prud’hommales étant limitées par la loi, il devient facile de budgétiser un licenciement, le seul risque possible étant qu’il coûte moins cher que prévu, c’est tout bénéf. Le salarié a intérêt à filer doux s’il ne veut pas subir le courroux du peuple cotisant au chômage.

Bien sûr, désormais le salarié peut démissionner et toucher le chômage me direz-vous. Oui, mais tous les cinq ans. Cinq ans durant lesquels il est soumis au patron sous peine de licenciement et de subir les affres des nouvelles conditions de chômage.

Et là, il y a deux situations :

  • Le gars est au chômage parce qu’il s’est fait licencier et il n’a pas droit à une formation. Ce qui fait qu’avec les nouvelles conditions, il ne peut refuser plus de deux offres « raisonnables » sous peine de perdre ses allocations. « Raisonnables », ça signifie que si vous gagniez 1730€ en travaillant à 18 km de chez vous, un travail de même ordre rapportant 1680€ à 25 km sera une offre « raisonnable » >> vous vous paupérisez, un tout petit peu moins de salaire, un petit peu plus de frais de déplacement… vous êtes plus pauvre qu’avant.
  • Le gars est au chômage parce qu’il a démissionné après 5 ans ou il s’est fait virer mais il a droit à une formation. Il fait sa formation, qui lui ouvre droit à des prétentions salariales plus élevées. Il gagnait 1730€, il peut désormais prétendre à 2’250€. Ca signifie qu’une proposition à 2’150€ pour travailler à 40 km sera tout-à-fait raisonnable. Finalement, il gagne un peu plus, mais il a des frais de déplacement et il ne gagne pas ce qu’il aurait dû pouvoir gagner >> c’est une paupérisation, le revenu médian augmente moins que ce qu’il devrait.

Dans le premier cas, l’entreprise qui embauche à 1680€ avait un salarié qui gagnait 1920€, un peu cher, on l’a licencié pour cause économique, remplacé par un petit nouveau à 1680€. 240€ par mois de salaire, soit 2’880€ par an, mais avec les charges, ça va tout de suite faire plutôt dans les 4000€. Si vous avez 1000 salariés, ça paie la dinde de Noël.

Bien sûr, celui qui gagnait 1920€, viré pour cause économique, se retrouve au chômage, il acceptera une offre « raisonnable » à 1840€ 20 km plus loin… >> paupérisation ! En attendant de se faire virer pour se faire remplacer par quelqu’un à 1570€ qui gagnait 1650€ avant d’accepter cette offre « raisonnable »…

Dans le second cas, le chômeur nouvellement formé qui accepte l’offre « raisonnable » à 2150€ a pris la place de quelqu’un qui gagnait 2450€. Un ancien de la boîte, vingt ans qu’il était là, il coûtait cher et ses compétences n’étaient plus tout-à-fait actuelles. On va alors lui offrir l’opportunité d’aller accepter une offre « raisonnable » au chômage pour 2200€, ainsi on bénéficie des services de celui qui a les compétences les plus actuelles et qui a accepté l’offre « raisonnable » à 2150€. Là encore c’est 300€ par mois d’économisés pour la boîte, 3600€ par an, avec les charges, au moins 5500€, c’est toujours bon à prendre suivant le nombre de compétences que vous mettez à jour.

Et plus vous mettez de compétences à jour dans la boîte et plus vous économisez et plus la dinde de Noël contient de marrons !

C’est magique

Ainsi, toute la société se paupérise, avec la ferme conviction que tout le monde est plus riche, il y a de moins en moins de chômeurs, comme en Allemagne ou au Royaume-Uni, mais de plus en plus de travailleurs pauvres, mais comme on les voit moins parce qu’ils ne sont plus chômeurs… En face, il y a de plus en plus de gens qui gagnent plus, mais moins que ce qu’ils devraient et ceux qui gagnaient « trop » gagnent moins, ne grevant plus la compétitivité des entreprises, la croissance peut revenir avec un chômage plus bas. C’est une pensée « complexe », tellement que des masses, malgré cette explication très simple, viendront encore affirmer que c’est faux, que je n’ai rien compris, que c’est pas ça, que ça vaut quand même mieux l’Allemagne ou le Royaume-Uni que le chômage en France et patati et patata…

D’autant qu’il y a le principe de « startup nation » qui vient encore faire de chaque individu son propre entrepreneur. Du coup, il n’est plus au chômage, ne grève plus ni les statistiques du chômage, ni la compétitivité. Bien au contraire, de par son statut de patron, il devient un support servile, pardon, libre, je voulais dire, de l’économie nationale. C’est déjà largement le cas aujourd’hui où 40% des emplois sont des « bullshit jobs », pour l’essentiel, « indépendants ». Tout le monde est coach, conseiller, expert, formateur en tout et n’importe quoi, consultant… aaah, consultant, un statut envié. Très peu parviennent même à se faire ne serait-ce qu’un SMIC alors qu’ils alignent les dizaines d’heures de travail chaque semaine comme d’autres des chocolatines à 15 centimes. Mais peu importe, ils grossissent les chiffres de la création d’entreprise, diminuent ceux du chômage, donnent une image dynamique et en plus ce sont des gens LIBRES ! Si c’est-y-pas fabuleux, ça, quand même…

Tout compte fait, la France ne fait pas moins bien que l’Allemagne ou le Royaume-Uni sur le chômage, c’est juste qu’elle est, pour le moment, toujours moins inéquitable, c’est tout. Bien que malgré tout en 20 ans la fortune des plus riches a été quand même multipliée par douze, c’est plus qu’hier, mais assurément beaucoup moins que demain, manifestement.  Aujourd’hui, le revenu médian est à 1750€, selon la courbe de progression depuis 1980, il devrait être à 2’100€. Autrement dit, bien qu’il n’ait jamais cessé de progresser, il a progressé 20% de moins que ce qu’il aurait dû. Après ce quinquennat, il aura continué de progresser, il va monter, mais il sera alors 30% en-dessous de ce qu’il aurait dû être si tout avait été normal. Et ce Delta entre le niveau attendu du revenu médian et son niveau réel, c’est la paupérisation. C’est le pouvoir d’achat manquant, c’est les rentrées fiscales perdues, les charges sociales en moins qui impliquent de réduire la voilure du social, alors sous-financé. Moins de social, qui se ressent par des déremboursements ou des remboursements moins conséquents de la Sécu, des conditions d’accès aux aides sociales plus drastiques, une adaptation des aides sociales au coût de la vie plus timorées, c’est de la paupérisation généralisée.

Une inégalité croissante

Et où va ce fameux manque ?

…Ben c’est la fameuse multiplication par douze des fortunes des plus riches en 20 ans, tout simplement. L’argent que vous n’avez pas gagné n’a pas été perdu pour tout le monde.

L’inégalité explose et ça n’a rien de réjouissant à plus d’un titre. Non seulement cet argent manque pour financer le développement sociétal, faisant régresser les acquis, mais les conséquences sont également diverses. L’inégalité focalise la société sur les riches, comme on a pu le voir avec le succès du mouvement ultrapopuliste des Insoumis de Mélenchon, reposant quasi exclusivement sur la traque des individus pour les taxer sous prétexte de « redistribution ». Un programme présomptueusement appelé « L’avenir en commun », alors qu’il agresse et exclut quasiment tout le monde, sauf ceux qui sont d’accord de le subir. Et ce alors que c’est une erreur courante que de penser que de taxer les riches enrichira les pauvres. Mais, plus grave, pour se financer et assumer sa charge régalienne, l’Etat se retrouve contraint d’emprunter et de s’endetter. L’inégalité n’est donc pas illimitée puisqu’elle peut se creuser jusqu’au moment où l’Etat, surendetté, ne peut plus se financer et doit donc renoncer à sa charge régalienne. Il fait faillite, le peuple, laissé à son sort, sombre dans la misère, l’économie est à terre.

Les solutions mises en route en Allemagne, au Royaume-Uni et, bientôt, en France, ne résolvent rien de cette situation, elles ne font que retarder l’échéance. Au lieu d’endetter l’Etat, on appauvrit la population, ce qui revient au même, plutôt que d’emprunter, on largue des acquis de la civilisation comme un aérostier lâche du sable, renonçant progressivement à ce que nous sommes. Ainsi, l’Allemagne rembourse-t-elle sa dette souveraine grâce à son excédent primaire, mais elle a proportionnellement plus de deux fois plus de gens connaissant une situation de grande pauvreté, trois fois plus de travailleurs pauvres et sa dette sociale et infrastructurelle est colossale. Sans compter qu’elle représente le plus gros risque systémique de la planète, à même de déclencher une crise économique mondiale d’une toute autre ampleur que celle des subprimes en 2008 à tout moment. Le Royaume-Uni, lui, outre le fait qu’il a trois fois plus de précarité que nous, s’il a une belle croissance, en revanche son déficit primaire est considérable et ce depuis très longtemps. Lorsqu’en 2011 la France avait un déficit primaire de 7.4%, gigantesque, en raison du sarkozysme, au Royaume-Uni il était de 11%. Alors qu’aujourd’hui, en France, il est aux alentours de 3%, en diminution, il est de 4.7% au Royaume-Uni, en augmentation.

Comme de juste, il n’aura pas fallu longtemps

Un rapport de la Cour des Comptes est sorti désignant une « insincérité » du précédent gouvernement générant un déséquilibre de 8 milliards. Bien sûr, c’est normal, c’est de la politique, il est de bon ton, quand on prend le pouvoir, de mettre en exergue les insuffisances de la précédente gouvernance afin de dissimuler la fatuité de nos promesses et de nous permettre une autre voie. C’est vieux comme Hérode et ça passe toujours très bien. Du coup, le nouveau gouvernement catastrophé se voit contraint à prendre les premières mesures d’urgence pour « redresser la France », autrement dit, les premières mesures d’appauvrissement. Et ce sont les fonctionnaires qui s’y collent ! Bien fait, ils ont été suffisamment emballés par Emmanuel Macron, ça leur ouvrira les shakras. D’ailleurs, Macron, il n’était pas dans le précédent gouvernement ? Celui que la Cour des Comptes à dénoncé ?

Puis les faits sont là : dégraisser de partout, moins de charges, moins d’impôts, moins de taxes, ça a un vrai coût… mais voilà, le PRÉCÉDENT gouvernement a été tellement insuffisant que finalement, ça sera plus compliqué que prévu…  D’ailleurs, je vous rappelle au passage la fameuse « moralisation de la vie publique » dont on nous a tant tarabusté et qui… hahahahahahaha… pardon.. c’est nerveux ! Manifestement, j’ai été entendu, quand je disais qu’elle prenait le mauvais chemin, du coup, on l’a allégée, amendée, réduite, oubliée…

Et ça toujours dans un seul et unique but : ne pas évoluer, par tous les moyens, en perpétuant autant que faire se peut le XXème siècle au XXIème siècle, le plus longtemps possible, jusqu’à l’échéance finale définitive, alors qu’il serait si confortable pour tout le monde d’entrer dans l’économie du nouveau siècle qui rétablirait l’égalité et nous apporterait une nouvelle période de « Trente glorieuses » avant la prochaine évolution au siècle prochain.

 

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