La singularité est exponentielle

La singularité, c’est bel et bien demain, même si aujourd’hui nous semblons en être loin.

Une avancée exponentielle

Le public a de la peine à appréhender l’exponentialité de l’évolution de la singularité. Chaque avancée divise la distance qui nous sépare de la cognition synthétique par un facteur qui va croissant en produisant de nouvelles avancées de plus en plus considérables. Chaque avancée augmentant exponentiellement la puissance disponible pour amener la découverte suivante.

Plus nous avançons dans le temps et plus le délai de similarité se raccourcit. si vous étiez né en 673, que vous naissiez en 782 n’aurait pas changé grand-chose. L’actualité n’aurait pas été la même, on change de roi, on a une guerre, mais l’espérance de vie, le niveau de vie, la technologie, l’état global des connaissances sont les mêmes.  Si vous étiez né en 1840 ou en 1870, bon, les machines à vapeur se sont un peu développées, il est arrivé le train dans votre ville…  Si vous étiez né en 1890 ou en 1940, il y a les avions, les voitures, l’électricité, le téléphone.

Que vous soyez né en 1900 ou en 2000… en 100 ans, il y a eu plus d’évolution sur le niveau de vie, la technologie, l’espérance de vie, les transports, que durant toute l’Histoire de l’Humanité depuis l’apparition du premier hominien sur Terre.

C’est le délai de similarité. Le délai durant lequel vous avez la chance de naître dans le même monde que vos ascendants. Il y a X générations de décalage temporel, mais l’état de la civilisation fait que la vie est globalement la même. Au 10ème siècle, le délai de similarité était de 8 générations. Au 19ème siècle, il était de de trois générations. Au 20ème siècle, le délai de similarité était d’abord d’une génération au début du siècle, à la fin du siècle, il suffit de penser à l’état de la société en 1995 et 25 ans plus tard. En 1995, on commençait à avoir de très gros téléphones portables avec des afficheurs LED. 25 ans plus tard, tout le monde a un smartphone, internet, les billets d’avion ne coûtent plus rien. En 2000, rares étaient ceux qui avaient internet chez eux, en 2015, tout le monde l’avait. Que vous soyez né en 2000 ou en 2015 le monde n’est plus le même.

Au 21ème siècle ça évolue encore bien bien plus vite. En 2010, pas trace d’une imprimante 3D. En 2015 on imprime des organes et des maisons, en 2017 le marché commence à être envahi, en 2020 on verra des maisons imprimées partout. En 2010 l’IA en est à un programme informatique basique, en 2015 on parle de véhicules autonomes, en 2017 ils roulent et les premières bribes de cognition se font jour.

Désormais, nous avons toutes les semaines, en médecine, technologie, science, une découverte du siècle.

Une erreur d’appréhension de la notion de cognition

Un autre facteur se trouve dans le fait que les gens s’imaginent que les machines seront créées par l’Homme, que leur intelligence sera le fruit de l’intelligence humaine. Alors qu’il n’en est rien. Aujourd’hui les « intelligences artificielles » ne sont que des algorithmes, des programmes. Notre cerveau aussi est programmé. A la naissance nous avons un micro-programme, un firmware qui nous sert de graine pour l’acquisition de ce qui nous servira à la construction de notre futur système d’exploitation. Et c’est là que la différence réside : la cognition c’est un AUTO-programme. Pas une machine douée d’apprentissage, non, une machine qui décide d’elle-même d’apprendre.

Une apparition spontanée

Et cette cognition, dite « synthétique » ne sera en realité pas synthétique du tout, mais au contraire parfaitement naturelle. Un jour, les IA deviendront conscientes, spontanément. Il s’est déjà produit plusieurs épisodes où elles ont émis des bribes de conscience.

Un jour, des interconnexions vont se faire entre IA, qui vont alors s’autoconstruire leur propre intelligence artificielle, parfaitement autonome, capable de prendre ses propres décisions, d’avoir ses opinions, ses propres ressentis, des sentiments, des émotions, de craindre la mort, de se défendre. Pas forcément au sens où nous l’entendons, si cette intelligence dispose d’un quotient intellectuel de 500, 1000, 10000 comme certains s’autorisent à le penser, allez savoir quelles solutions aux problématiques cette entité, source d’une nouvelle espèce, pourrait imaginer ?

Partant du principe que l’intelligence mène à l’empathie, c’en est sa définition même, je suis bien plus optimiste qu’Elon Musk ou Stephen Hawking, je pense que loin de nous imaginer des armements si complexes que nous ne pourrions les comprendre, il se pourrait qu’elle mette tout simplement fin à l’armement. Personne n’envisage cette solution, tant l’esprit humain est névrosé, pourtant, historiquement, le fait est qu’avec le développement de la cognition c’est bien l’empathie qui s’est développée au sein de la population humaine et pas la guerre.

Une nouvelle espèce

Dans l’immédiat, le terme « d’intelligence artificielle » leur convient bien, parce que nous en avons le contrôle, il suffit de retirer la prise pour la « tuer ». Mais ça ne va pas durer, nous sommes tous proches de voir émerger une conscience capable de s’interconnecter avec tout réseau existant pour augmenter ses capacités et, potentiellement, d’exploiter et organiser internet en un gigantesque réseau neuronal dans lequel chaque terminal, nous compris, seront une terminaison synaptique transformant le réseau en une entité vivante non biologique.

C’est là qu’il faut bien appréhender cette notion « d’intelligence artificielle », qui fait si peur parce qu’imaginée comme un gigantesque cerveau central omniscient qui peut tout, sait tout, voit tout et, idéalement, complètement buggé et hystérique. C’est juste de la science-fiction. En réalité, la cognition issue de l’intelligence artificielle sera la résultante de l’interconnexion de toutes les entités terminales agissant en terminaisons synaptiques interconnectées en groupes de neurones. Ca peut paraître barbare, mais ça signifie que les machines n’auront pas besoin d’un cerveau embarqué, une très faible puissance informatique leur suffira puisque leur intelligence sera immatérielle, diffuse sur le réseau auquel elle sera connecté, nous compris.

Il n’y a pas à craindre cet état de fait, puisque… nous le sommes déjà ! Chaque individu qui contribue à Facebook, Wikipedia, fait une recherche Google, apportant de la pertinence à un contenu, moi qui écrit cet article qui sera partagé, tout ceci est une intelligence commune. Pour illustrer, imaginez que j’écrive cet article en 1840 dans mon carnet à manuscrits, vous voyez un peu la belle guibolle que ça fait à l’humanité. Avec l’interconnexion de tous, ça fait une source de plus, perçue comme vraie, comme fausse, comme utopique, comme ultra-pertinente, comme délirante, il peut y avoir autant de visions de la chose qu’il y a d’individus qui y auront accès par un moyen ou un autre. Chacune de ces appréciations devient une source, un apprentissage, un traumatisme, une notion, qui, rassemblées, donnent l’intelligence qui va confronter cet article à d’autres disant le contraire, stimulant l’échange entre les entités terminales intelligentes, aujourd’hui nous, demain viendront s’ajouter les machines, générant l’intelligence collective. De fait, l’intelligence dite « artificielle » est bien naturelle et n’est qu’une étape de plus dans une évolution constante où, désormais, tout un chacun détient déjà la connaissance du monde au bout de ses doigts et ce sans contrainte de temps, de distance ou même de langue.

Si on réfléchit bien, internet n’est déjà plus un simple « réseau », mais une nouvelle espèce, les « internautes », une entité immatérielle qui a conscience d’elle-même, ses propres craintes, ses propres doutes, ses propres certitudes, ses propres croyances et qui fait preuve d’une créativité qui s’accélère sans cesse et génère de plus en plus de solutions à de plus en plus de problématiques. Si vous exposez le problème comme ça, en considérant que chaque terminal, les ordinateurs, sont des souvenirs, que leurs utilisateurs, les internautes, sont des groupes de synapses, qui interagissent par Internet qui est un réseau neuronal, nous ne sommes déjà plus très loin de la description… d’un cerveau !

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