La crise de 2009 : le résultat d’un système économique à bout de souffle

Depuis la fin des Trente Glorieuses, les crises économiques n’ont cessé de se répéter. La dernière en date est celle de 2008-2009 dont les éléments déclencheurs ont été la crise des Subprimes et dans la foulée de cette crise, la faillite de la banque Lehman Brothers et tout son lot de conséquence. En cause, la financiarisation de nos économies avancées. Autrement dit, on investit de plus en plus dans des produits financiers plutôt que dans des entreprises. Et s’il y a une bulle et qu’elle éclate, tout s’effondre. Et les différents États paient les pots cassés. 

Et si cette même financiarisation, responsable des crises que nous connaissons, et de celle qui s’en vient en 2019 aux dires de certains, n’était en réalité que le résultat de l’épuisement de notre système économique basé sur la redistribution de la création de richesse par le travail ? En effet, durant la fin des Trente Glorieuses, notre évolution technologique a franchi un cap tel que l’humain n’est plus nécessaire pour faire fonctionner les machines, comme ce fut le cas auparavant. C’est à partir de là que le chômage de masse s’est peu à peu installé, ce qui porte à remettre en question le fonctionnement de notre système économique basé sur le travail.

Une évolution technologique bouleversant notre mode de production et de redistribution

Depuis les années 1980, la technologie s’est perfectionnée. Tellement que désormais, il est de moins en moins question que des humains fassent fonctionner les machines, puisque l’intelligence artificielle pourra prendre le relais. Il ne sera donc plus question d’un transfert de main d’œuvre vers d’autres compétences à mettre en œuvre par le travail, puisque l’intelligence artificielle sera à même de le faire seule.

Certains se basent sur l’évolution de nos technologies d’antan qui ont nécessité de nouvelles connaissances pour les faire fonctionner et donc de transférer des compétences vers ces mêmes technologies pour les faire fonctionner.

Par exemple, dans l’industrie automobile, avec l’arrivée des moteurs thermiques pour remplacer les chevaux, il fallait transférer les artisans des voitures hippomobiles vers l’automobile à moteur. Ainsi, les maréchaux-ferrants sont devenus des mécaniciens, les cochers des chauffeurs, les fabricants de diligences des fabricants d’automobiles. Sauf que voilà, la technologie d’autan nécessitait la présence d’humains pour fonctionner. Elles ne pouvaient que démultiplier la force musculaire des humains, qui devaient être là pour faire fonctionner ces mêmes machines.

C’est dans ce contexte que le chômage de masse s’est installé, avec son lot de conséquence qui sera un facteur non négligeable de crise économique. Sauf qu’au lieu de s’adapter à cet état de fait, on a préféré tout faire pour maintenir l’emploi.

Des solutions non seulement inadaptées mais aussi vectrices de crises

Pour maintenir les emplois, on subventionne les vieilles industries. Comme elles ne créent que peu de richesse en raison de la faible valeur ajoutée de leur production, l’État doit leur venir en aide pour qu’elles maintiennent les emplois, et si possible en crée. D’autant plus que cette même production à faible valeur ajoutée entre en concurrence avec celle des émergents qui savent désormais produire ce que nous produisions il y a encore une trentaine d’années. C’est pourquoi, pour ne pas perdre des parts de marché, les prix doivent être maintenus vers le bas. Mais comme cela ne permet pas aux entreprises de générer des bénéfices suffisants pour créer des emplois, c’est dans cette optique qu’on l’aide, d’une part avec les subventions et les avantages fiscaux d’une politique budgétaire accommodante, de l’autre par une politique monétaire tout aussi accommodante avec les faibles taux d’intérêts des banques centrales. Le problème, c’est que cela ne suffit pas pour faire augmenter les salaires, puisque des emplois il n’y en a plus besoin chez nous, donc les entreprises se débrouillent pour trouve une utilité à ces emplois subventionnés. Dilués dans un nombre trop important d’emploi sans réel utilité, et les entreprises ne produisant plus autant de richesse sur notre sol, le revenu médian est 20 % en dessus de ce qu’il doit être. Ce qui induit une baisse de pouvoir d’achat. Une baisse de pouvoir d’achat qui n’est pas sans conséquence pour l’économie puisque les entreprises engrangent de moins en moins de bénéfices. Notre capacité de production de richesse s’en trouve affaiblie.

Le problème, c’est que cette baisse de capacité de production de richesse chez nous n’est pas sans conséquence chez les émergents. En effet, à force de vouloir à tout prix conserver les emplois chez nous en conservant les vieilles industries, on les prive d’un levier pour se développer. De ce fait, leur population a du mal à s’élever, faute d’avoir un travail salarié en l’absence d’investissement et de débouchés commerciaux, puisqu’il est de plus en plus question pour les occidentaux de relocaliser la production, et donc d’acheter de moins en moins chez les émergents les produits à faible valeur ajoutée qu’on s’obstine à produire dans le but de maintenir l’emploi. C’est pour cela que nombre d’entre eux se sont endettés pour assurer tant bien que mal leur développement. Cette situation n’est pas non plus sans conséquence pour nous puisqu’en privant les émergent de pouvoir se développer, on se prive d’un marché où notre production à forte valeur ajoutée pourrait trouver preneur. Ce qui accentue d’avantage notre baisse de capacité de création de richesse sur notre sol.

C’est pour cela que les exportations diminuent du côté des pays occidentaux qui ne trouvent plus de débouchés commerciaux. La faute au fait que la conservation de nos vieilles industries prive les émergents de se développer et donc d’étendre notre marché.

Le problème, c’est que d’un côté on perd en capacité de création de richesse et de l’autre, cette politique pour l’emploi n’est pas gratuite. Il faut la financer. Le problème, c’est la baisse de notre capacité de création de richesse, les recettes fiscales diminuent. Il faut donc emprunter toujours plus pour compenser les pertes. Ce qui accentue le risque de crise économique avec une perte de confiance des créanciers qui pourraient faire hausser les taux d’intérêts, ce qui rendrait le financement de l’État plus difficile encore.

Une économie de plus en plus financiarisée à force d’obstination pour sauvegarder les emplois

Avec l’État qui subventionne de plus en plus les entreprises pour qu’elles maintiennent les emplois, les riches se retrouvent avec non seulement plus de richesse, mais aussi avec moins de responsabilités sur l’économie réelle puisque l’État assure sa pérennité à leur place. C’est à partir de là que les riches ont déplacé leurs capitaux non plus dans des entreprises réelles, mais dans des produits financiers sur lesquels ils spéculent pour en tirer des bénéfices. Les produits prennent de la valeur simplement parce qu’une masse d’individu investissent des capitaux dans ces mêmes produits. Sauf que dès que ces produits perdent de leur valeur, l’économie aussi vacille avec les établissements bancaires qui font faillites et les petits porteurs qui perdent leur pouvoir d’achat après avoir perdu leur argent, entraînant le reste de l’économie avec eux par effet domino.

Jusque-là, l’État payait les pots cassés, mais jusqu’à quand ? Puisque cette perte de création de richesse se fera aussi ressentir sur les rentrées fiscales, ce qui contraint l’État à augmenter son endettement pour compenser.

De plus, si on s’aperçoit que les entreprises ne réalisent pas tant de bénéfices que cela, les investisseurs vont encore une fois retirer leurs capitaux des entreprises en question, ce qui les mets en difficulté puisqu’elles auront de plus en plus de mal à trouver du financement. Les État qui créent de moins en moins de richesse auront de plus en plus de mal à emprunter. C’est alors que l’État risque la faillite qui elle sera irréversible.

Comment remédier à ce problème récurrent depuis des décennies ?

Mais alors, est-ce une fatalité que d’en arriver là ? Sommes-nous condamnés à assister et subir les conséquences de ces crises à répétition ?  Pour répondre à ces questions, nous pouvons nous sortir de cette situation.

Il suffit pour cela d’adapter la société à la fin du travail en mettant en place un système permettant le transfert progressif des revenus du travail vers les revenus qui proviendront de la contribution directe des individus dans la société.

On pourrait notamment délocaliser le plus possible nos vieilles industries chez les émergents qui du coup pourront se développer et ainsi avoir les moyens de devenir nos clients. En ce qui nous concerne, il faut développer les nouvelles industries à forte valeur ajoutée, qui tournent autour de l’intelligence artificielle et de l’impression 3D notamment. Ces nouvelles industries seront bien plus vectrices de richesse que les vieilles industries, mais beaucoup moins d’emplois. En effet, dans cette optique de développer les nouvelles industries chez nous, notre production sera réorientée vers le qualitatif et cher, ce qui est moins pourvoyeur d’emploi que le quantitatif et bon marché des vieilles industries.

Une série de mesures pour la mise en place d’en environnement collaboratif

Il faut que l’État mette en place une série de mesure pour rendre le travail facultatif et ainsi permettre à l’économie collaborative, où les individus recevront conseils et capitaux pour mener à bien leur activité, de voir le jour.

Parmi elles, il en faut une pour permettre aux individus de toucher le minimum de part de création de richesse à laquelle ils ont droit du simple fait de leur existence. En effet, quel que soit ce qu’on fait dans la société, on crée de la richesse, notamment en visionnant des publicités sur internet et même dans la rue, ou simplement en faisant nos courses du quotidien. Ce premier élément, c’est le revenu universel, calculé sur la base d’un impôt négatif, qui fait diminuer ce même revenu universel au fur et à mesure que les individus concernés augmentent leurs revenus provenant d’activités ou emplois en parallèle. C’est ce qui se fait déjà actuellement avec la prime d’activité. Cependant, cela ne sera pas suffisant pour que les individus, notamment ceux qui n’ont pas les moyens, faute de capitaux, de démarrer seuls leur projet. Il leur faut des capitaux pour cela.

C’est là qu’intervient le second élément, qui est la mise en place d’une série de mesures fiscales qui, en plus de succéder à l’impôt sur le revenu, inciteront les riches à réinvestir leurs capitaux dans l’économie réelle. Ces trois impôts sont l’impôt sur le niveau de vie, l’impôt sur l’inégalité et enfin un nouvel impôt sur les dividendes. Mais cela ne suffit toujours pas. En effet, l’investissement des capitaux des riches seuls n’est ni plus ni moins qu’un transfert d’une poche à une autre. Or, il faut créer de la richesse. De plus, dans cette configuration, seuls les riches pourraient investir dans l’économie réelle, et ce n’est justement pas le but recherché. Il faut que l’individu lambda puisse aussi influencer sur des projets en ayant une certaine capacité d’investissement.

C’est là qu’intervient le troisième élément qui deviendra le pilier de l’économie du XXIème siècle : l’AMI, Action Mutuelle d’Investissement. Il s’agit d’une plateforme de financement participatif qui réunira les capitaux de l’ensemble de la société, riches et moins riches, et disposant du levier bancaire, pour ainsi démultiplier la capacité d’investissement des individus et créer de la richesse. Ce levier bancaire sera particulièrement utile pour les individus issus de la diversité car non seulement cela démultipliera leur capacité d’investissement, et donc leur influence dans l’économie réelle, mais en plus, cela sécurisera d’avantage leurs capitaux puisque ce ne seront pas leur argent qui sera directement émis, mais bien de la monnaie crée pour les investissements en question. Toute la beauté de ce formidable instrument, c’est qu’il ne se limitera pas qu’au financement des projets d’intérêts privés. Il permettra aussi aux individus de participer à la vie de leur collectivité territoriale en leur permettant de financer, conjointement avec leur collectivité, des projets d’intérêts collectifs, tels que des transports en communs, des logements, des restaurants ou encore boutiques pour produits de première nécessité. En contrepartie de leur financement, les administrés pourraient bénéficier gratuitement des services en question, voire de toucher des bénéfices s’il y en a.

Si l’AMI, Action Mutuelle d’Investissement permettra le financement d’entreprises pour des individus ambitieux, il permettra aussi le financement de petites activités. En effet, le problème à l’heure actuelle et qui fait que les micro-entrepreneurs ont du mal à financer leur activité, c’est qu’il s’agit pour les banques et les gros fonds d’investissement, d’un domaine qui leur est inaccessible. En effet, des petites entreprises ont besoin d’un soutien que des entreprises de plus grande taille n’ont pas nécessairement besoin. Or, ce n’est pas le métier de ces fonds. C’est pourquoi l’AMI, Action Mutuelle d’Investissement comblera cette lacune en offrant aux individus un incubateur où ils disposeront de conseils et de capitaux pour réussir à bien leur projet. Les investisseurs et les banques n’ayant plus qu’à se contenter d’investir dans la plateforme qui du coup se chargera du soutien technique et logistique des micro-entrepreneurs. On pourra d’ailleurs très bien imaginer que les micro-entrepreneurs en question, avec l’aide de l’AMI, Action Mutuelle d’Investissement, se regroupent au sein d’entreprises collaboratives, dont ils en deviennent actionnaires. Ainsi, ils peuvent rendre des services et permettre à l’entreprise collaborative de générer des bénéfices, et étant propriétaires de l’entreprise en question, ils touchent les dividendes. De plus, le fait de se regrouper en ce genre d’entreprise rend le financement plus aisé, ce pour financer un nouvel outil de travail à la disposition des micro-entrepreneurs par exemple. De plus, les individus seront amenés à être de moins en moins propriétaires individuels de biens. Si le souci n’est plus de les faire travailler, ils seront d’avantage locataire des biens qu’ils utiliseront de façon ponctuelle, selon leurs besoins. Compte tenu de la forte valeur ajoutée des futurs biens de consommations, tout le monde ne pourra en être propriétaire. En revanche, les individus pourront mettre en commun leurs moyens en créant une entreprise, qui pourra être financée et soutenue par l’Action Mutuelle d’Investissement, dont ils seront actionnaires et qui possédera ces mêmes biens. Dans cette situation, ils seront mis à la disposition des individus qui ont créé l’entreprise, ainsi chaque fois qu’ils paient pour louer les services, ils font en sorte que leur entreprise génère des bénéfices, ce qui leur permet de toucher des dividendes. Bref, les individus seront à l’avenir d’avantage propriétaires d’entreprises qui loueront leurs services pour répondre à leurs besoins.

À noter que toutes les mesures citées doivent fonctionner en concert l’une de l’autre. Si l’une d’entre elles n’est pas mise en place, la société ne pourra pas fonctionner. Voilà pourquoi le revenu universel seul, par exemple, serait un échec et même un coût s’il était mis en place de cette manière. Il en est de même pour les autres mesures.

 

Bref, les crises que nous traversons en ce moment n’est pas une fatalité en soi. Le problème, c’est notre obsession à vouloir maintenir l’emploi alors que non seulement nous avons l’intelligence artificielle, mais aussi des émergents qui savent produire ce que nos vieilles industries produisent. Ce qui pourrait être une opportunité de s’en débarrasser pour nous concentrer vers ce qui est digne de notre production, c’est-à-dire les hautes technologies autour de l’intelligence artificielle. Ces nouvelles industries sont fortement vectrices de richesse sur notre sol, mais peu d’emploi. C’est pourquoi il suffit de s’adapter en faisant la Transition Sociétale pour rendre le travail facultatif et ainsi donner à ceux qui ne pourront plus travailler la chance de contribuer non plus en travaillant, mais par l’activité de leur choix, conseillé et financé par la future économie collaborative du XXIème siècle.

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