Bientôt 2 ans que Poutine a agressé militairement l’Ukraine, soutenue par la quasi totalité des économies développées. Mais l’aide occidentale faiblit alors que les conflits se multiplient opportunément au Moyen-Orient. Le Hamas en a profité pour agresser Israël, qui a répliqué en détruisant Gaza. Au Yémen les rebelles Houthis s’agitent, tandis que dans l’Afrique subsaharienne Daesh sévit. Les gouvernements africains ont expulsé la France, renforçant les positions géopolitiques de la Russie.
Emmanuel Macron a rappelé qu’il n’était pas envisageable de laisser la Russie gagner en Ukraine, « même si cela nous coûte » et il a complètement raison. Si la Russie devait l’emporter, ce serait la fin de notre civilisation. Et donc, il n’y a pas le choix, il faut la combattre, et ce quel qu’en soit le prix, y compris une guerre mondiale. Ne jamais perdre de vue que le seul et unique responsable de cette guerre, le seul à l’avoir déclenchée, c’est Poutine. Quelles que furent les vexations de l’OTAN, qui ne sont pas une vue de l’esprit, elles relevaient bel et bien de la diplomatie. Elles affaiblissaient la position géopolitique de la Russie, mais si Poutine n’avait pas été au pouvoir depuis si longtemps, avec ses aspirations de plus en plus périlleuses, la situation aurait pu être différente. Et tout comme il ne sera pas éternel, l’OTAN non plus. Aussi a-t-il agressé l’Ukraine sous le prétexte que l’OTAN se répandait à l’Est, ce qui était vrai, indiscutablement, avec une invasion rapide mais non brutale, s’attendant à paralyser le pays pour le contraindre à négocier. La réplique a été immédiate et extrêmement puissante, bien plus qu’il ne l’imaginait. Ne s’attendant pas à une telle réaction, il a renforcé son action, devenue alors violente, ce qui n’a pas calmé les ardeurs de l’Ukraine, bien au contraire. Une fois le conflit déclenché, Poutine ne pouvait plus reculer, question d’égo. Et plus il y avait des morts russes et du matériel détruit, et moins il pouvait se permettre de reculer, c’eut été impossible à présenter à son peuple, il n’avait pas d’autre choix que la victoire. C’est tout le problème de la violence.
Au moment de l’agression, fin février 2022, Courant Constructif se devait de se positionner. J’ai alors dit, à la surprise générale, que ce qu’il fallait faire, c’était déclarer la guerre à la Russie en Ukraine, en envoyant des centaines de milliers d’hommes. Que si nous ne le faisions pas, nous risquerions la guerre mondiale, parce que une fois la guerre déclenchée, la Russie se renforcerait en se réorganisant vers une économie de guerre tandis que le conflit affaiblirait l’Ukraine, nous coûtant de plus en plus cher, ce qui nous affaiblirait. En attaquant de suite et en faisant preuve d’empathie, non seulement nous aurions pu éviter le déclenchement des hostilités et non seulement Poutine aurait pu se présenter fièrement devant son peuple, mais en plus il y aurait eu une progression de la normalisation de nos rapports un peu distendus depuis quelques temps en raison des tensions diplomatiques, scrupuleusement entretenues par l’OTAN. Mais une telle position belliqueuse était évidemment inaudible pour toute organisation fondamentalement pacifiste et je me suis rendu aux conclusions que l’Ukraine devrait déposer les armes tout de suite, pour mettre fin au conflit. Ce qui aurait donné raison à Poutine, aurait mis l’Ukraine en porte-à-faux quelques années, mais la diplomatie faisant son œuvre, tout serait rentré dans l’ordre rapidement. C’était une proposition audacieuse, parce qu’elle impliquait que l’Ukraine se rende sans combattre. Mais à ce moment-là il n’y avait pas encore de ressentiment russe, puisque la guerre n’avait pas encore commencé. Tout était donc encore possible dans les salons feutrés des pouvoirs qui pouvaient organiser cette reddition et mettre en place les négociations. Cette position a été qualifiée de pro-russe, même ma compagne s’est faite agresser sur les réseaux sociaux par des gens qui lui ont dit que j’étais pro-russe en arguant de ce document, ce qui était évidemment absurde, mais cela exprime bien la sensibilité induite par les événements à ce moment-là. Puis la brutalité a augmenté, la guerre a commencé, mettant l’Occident sous la contrainte de soutenir l’Ukraine à tout prix, qui mène alors notre guerre à notre place, les ukrainiens sont sacrifiés sur l’autel de la civilisation occidentale trop pleutre pour agir au moment de l’action russe, en raison des menaces de Poutine de faire usage de l’arme nucléaire. Notre couardise d’hier est la cause de la guerre d’aujourd’hui, qu’il n’est pas possible de laisser la Russie gagner et, donc, comme prévu, nous finirons bien par avoir la guerre mondiale, mais avec une Russie renforcée par l’économie de guerre et un Occident affaibli au lieu d’être au top de sa puissance et d’avoir eu la possibilité de gonfler ses muscles sans hausser le ton, en faisant preuve d’empathie.
Les russes ont bien manigancé, en arrière-plan. Faisant usage de diplomatie, ils sont parvenus à convaincre certains gouvernements africains exposés au terrorisme islamique que la France, agissant sous l’égide de l’ONU, était le problème et qu’ils allaient s’y substituer et alors la France s’est faite expulser du Mali, du Burkina et du Niger. Dans la foulée, le Hamas avait bien préparé son coup et a agressé Israël avec une brutalité absolument inouïe, massacrant des civils par centaines dans des kibboutz, hommes, femmes, enfants, vieillards, égorgés. Profitant de la confusion et de la dilution des forces occidentales, au Yémen les rebelles Houthis en ont profité pour instaurer un blocus, fermant le passage du Canal de Suez à certains navires, essentiellement israéliens, les contraignant à contourner l’Afrique. Bien sûr, les pays des BRICS exploitent l’opportunité de renforcer leurs positions en soutenant la Russie plus ou moins fermement et cherchent même à s’étendre. Ce qu’ils réussiront, au point que le PIB des BRICS dépassera celui du G7 pour la première fois. Alors, bon, il faut savoir raison garder, si au total le PIB des BRICS dépasse celui du G7, c’est en raison du très grand nombre que représentent leurs populations et ils sont en réalité encore bien loin derrière le G7. Il n’en reste pas moins que même le Brésil et l’Inde, pourtant traditionnellement amis de l’Occident, l’Inde faisant même partie du Commonwealth, soutiennent la Russie, du bout des lèvres et sans rompre avec l’Occident, mais en justifiant la guerre que Poutine mène à l’Occident par Ukraine interposée.
C’est que l’enjeu est colossal, si la Russie l’emportait, comme je le démontrais dans cet article, ce serait tout simplement l’ordre mondial qui changerait. Poutine imposerait l’influence russe sur toute la région de la Mer Noire, autrement dit, la Georgie, qui s’est annoncé prétendante à l’adhésion à l’Union Européenne, candidature qui a été acceptée, l’Ukraine, également prétendante désormais à l’adhésion à l’UE, la Turquie, qui non contente d’aspirer depuis longtemps à l’adhésion à l’UE possède également la base la plus avancée en Asie de l’OTAN, menant un double jeu géopolitique. Et même la Roumanie et la Bulgarie, déjà membres de l’UE et appelées par l’OTAN a réclamer leur adhésion. La Suède et la Finlande ayant de surcroît décidé d’adhérer à l’OTAN en réplique à la guerre en Ukraine, chacune de ces velléités, d’adhésion tant à l’Union européenne qu’à l’OTAN, est à chaque fois un nouveau crachat au visage de la Russie et renforce les convictions de Poutine qui adopte des positions de libérateur du monde de plus en plus soutenu à ce titre, puisque les intérêts de la Russie sont désormais les intérêts de tout le monde « non-aligné ». Et c’est la mode de se déclarer non-aligné, le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud, tout le monde se déclare officiellement comme tel, ce qui est une injure à la face de l’Occident, aggravant à la fois les tensions et mettant au pied du mur notre civilisation : si nous perdons la guerre, nous perdons la civilisation occidentale dominante avec tout ce que ça implique en termes de qualité de vie dans un monde totalitaire. Vous avez aimé la domination américaine ? Vous allez adorer la chinoise…
Et tout ce brouhaha guerrier que la Russie a dispersé partout, nécessitant pour l’Occident de faire feu de tout bois, dilue nos forces. Ca coûte cher, en moyens techniques et en argent. Envoyer une coalition internationale en Mer Rouge pour protéger le trafic commercial, indispensable à nos économies pour qu’elles aient les moyens de défendre notre civilisation, coûte cher. Et ce alors que le soutien militaire à l’Ukraine est également très dispendieux. Au point que l’aide américaine à l’Ukraine commence à caler. Et ce d’autant qu’une nouvelle menace se fait jour : la réelection de Trump à la présidence, qui est loin d’une simple vue de l’esprit. Si Trump venait à être élu, ce qui n’est pas évident avec le déluge de procès qu’il subit et qui pourrait éventuellement mener à son inéligibilité, sa première action serait de mettre fin au soutien américain à l’Ukraine. Si jamais les USA devaient se retirer, les européens devront bien prendre le relais du soutien à l’Ukraine et peut-être même faire la guerre à la Russie, déclenchant alors la guerre mondiale, il n’y a pas d’alternative. C’est faire la guerre ou disparaître.