Vers le transhumanisme

Terminator

Laurent Alexandre a écrit une chronique dans We Demain sur le sujet et lorsque Laurent Alexandre écrit, le propos ne tombe pas de nulle part, quoi qu’on en pense.

Mais il reste prosaïque. Dans un objectif de concision ? Ce n’est pas son genre, plutôt de la prudence.


Le transhumanisme est inéluctable

En fait, il est même déjà fortement présent. Entre les greffes d’organes artificiels, comme le cœur Carmat ou des tas de prothèses diverses, et des tas d’autres choses à venir, il ne sert donc à rien de s’y opposer.

En revanche, il ne saurait être un objectif pour l’humanité. Il est juste inéluctable, c’est tout. Il ne s’agit pas de se poser la question de savoir si l’évolution transhumaniste reste de l’humanisme. Puisque c’est un élément inéluctable, c’est donc une évolution et ce n’est pas plus évitable que la perte des poils après la bipédie.

Des inconvénients sociaux majeurs qu’il faudrait appréhender aujourd’hui

Le plus inquiétant dans le transhumanisme est le clivage de la société entre les « augmentés » et les « basiques ». Certains ne seront pas augmentés, soit par manque de moyens financiers, soit par refus clair de cette trituration de leur nature profonde. Dans un monde où, fatalement, ce seront les augmentés, bénéficiant d’une intelligence décuplée, interconnectés via Internet en permanence au travers d’implants, disposant d’une force physique considérablement plus élevée, qui concentreront l’intégralité des pouvoirs et organiseront l’environnement pour eux, comme aujourd’hui le web est organisé pour ceux qui ont un accès ultra-rapide et moi qui ai un accès de merde, certains sites me sont tout bonnement inaccessibles, les basiques ne pourront plus évoluer. Ils se verront alors contraints de créer leur propre sous-société, latérale, marginale, mais adaptée à leur condition.

La machine aussi va évoluer

Mais il faut aussi tenir compte de l’avènement de la machine, commandée par une intelligence artificielle qui va très rapidement nous dépasser de loin, du moins les humains qui ne se seront pas augmentés. La machine est appelée, elle, à se « transrobotiser », elle va devenir de plus en plus organique. Son cerveau pourrait être biologique et des tas de fonctions vitales pourraient l’être également.

Ainsi le transhumanisme réduit-il la distance entre l’homme et la machine et, conséquemment, le risque que l’intelligence artificielle représente pour lui puisqu’évoluant en même temps qu’elle, il conserve sa part de prérogatives et même son ascendant, du moins durant un certain temps.

Le transhumanisme est donc une des réponses s’apporteront naturellement (j’insiste bien sur le « naturellement ») au danger que représenteraient des machines trop supérieures une fois acquise leur autonomie et la capacité d’inventer, de créer, de s’auto-reproduire.

La frontière entre le biologique et le mécanique deviendra floue

A terme, même face à des résistances, la frontière entre l’homme et la machine, entre le biologique et le mécanique, sera plus floue. L’homme perdra vraisemblablement le pouvoir sur la machine, qui deviendra son égale.

Les « basiques » sont-ils le Neandertal de demain?

Le transhumanisme va donc à la fois considérablement aggraver le fossé riches-pauvres, mais également diviser la société.

Faut-il dès lors pour autant s’opposer au progrès? Ce qui ne serait qu’absurde puisqu’il est inéluctable? Ou, au contraire, faut-il admettre que l’avenir de l’humanité est constitué des transhumanistes et que les basiques seront alors ce que Néandertal fût à Sapiens, devenu Sapiens Sapiens, devenu Urbanis appelé à devenir Numéricus?

2 Comments

David Latapie

Très bon article. Je considère moi aussi que la fusion entre l’inerte et le vivant est à venir. Cyborg ou nanomachine, la différence n’est pas grande si on réfléchit à ce que signifie vraiment « vivant » (homéostatique et auto-reproductif sont deux critères) – lire http://david.latapie.name/blog/exobiologie-et-vie-artificielle-reconnaitre-une-vie-a-laquelle-on-ne-s-attend-pas/ sur la présentation de Christoph Adami résumant son travail quand la NASA lui a demandé de trouver un moyen de détecter des formes de vie extrêmement différentes de la nôtre.

Thierry Curty

Bonjour,

Merci, en effet, la notion de « vivant » est clairement corrompue par divers éléments.

La religion impose la notion « d’âme » (un robot n’a pas d’âme), un élément absurde qui disparaîtra le jour où nous serons à même de cloner un individu.

Elle impose également la notion « d’esprit », qui lui est mieux défini et constitué tout simplement de la personnalité d’un individu, l’esprit est donc plausiblement applicable à une cognition synthétique.

Cet ensemble induit la notion de « conscience », qui aurait été d’abord le propre de l’Homme. Qu’aujourd’hui on relativise en l’accordant à certains animaux qui, du coup, deviennent à leur tour des êtres vivants à part entière, des êtres pensants et souffrants.

En réalité, la conscience n’est que la capacité d’une entité à réfléchir par elle-même et ce peu importe que cette entité organique soit biologique, mécanique, électronique, électrique, que sais-je.

La cognition, c’est la capacité d’acquérir du savoir, d’apprendre. Un jour, tout proche, les robots auront cette capacité d’apprendre. Ils connaîtront la peur, l’amour, la joie, la tristesse, qui sont des éléments qui s’acquièrent en conséquence de l’environnement autant que de facteurs ataviques, épigénétiques ou culturels, donc également induits et non naturels.

En conséquence de quoi la vie peut se trouver partout où on ne l’attend pas. Un jour les robots seront capables d’innovation, de fabrication, de réparation, comme aujourd’hui nous nous reproduisons, nous produisons, nous nous soignons, ni plus, ni moins.

La vie n’est pas que biologique et il n’y a aucune raison de penser qu’une entité cybernétique autonome homéostatique soit inférieure à une entité homéostatique biologique.

Toujours, je partage votre article : http://sco.lt/7iQ02r

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