A Paris les cafés-concert baissent le rideau, le titre –choquant symptôme de l’absurde– du Parisien, symptôme de l’absurde lutte contre la vie de la société prétendument développée…
Moi, ce que je vois, c’est que si je veux faire de la moto et que je tombe dans un contrôle, comme je ne porterai pas le casque je devrai fuire et ça mettra ma vie en danger. Alors que de simplement respecter ma liberté personnelle tout le monde s’en porterait bien mieux !
L’atteinte aux libertés contraint à se mettre en danger pour vivre, la sécurité au prix de la liberté est une atteinte liberticide !
Ce qui fait que Paris est Paris, ce sont ses caves
Profondes, obscures, intimistes, avec des artistes à proximité. J’ai des souvenirs mirifiques de ces caves où, dans l’une d’elle, dans une précédente vie, j’ai eu à deux mètres de moi Garou et sa gratte (et d’autres, tout aussi magnifiques mais moins symboliques), si près que je l’entendais plus fort que le son qui sortait des haut-parleurs. Les parisiens, comme le reste du monde qui vient de loin pour cela, sont férus de ces cafés.
La musique, les sorties, surtout à Paris, comme la liberté sont l’essence de la vie. Nous avons là la preuve que notre ère liberticide, sous prétexte de sauver des vies, tue la vie. Or le rôle de la sécurité est de préserver la vie. Si la sécurité tue la vie, alors elle devient le danger. Nous vivons l’ère du sécuricide, la sécurité tue la vie qu’elle cherche à protéger ! Alors, bien sûr, dans les statistiques nous mourrons moins, mais c’est parce qu’elle ne prend en considération que ceux qui ont cessé d’exister, elle oublie ceux qui ont cessé de vivre et là les chiffres explosent dans cette société morbide de morts-vivants, des zombies qui errent à la recherche d’une règle à respecter.
Il est interdit
De camper, de faire des feux de camp, d’écouter de la musique sur les plages, inaccessibles aux chiens et désormais interdites de fumer, quand ce n’est pas de se baigner. Si on roule un peu vite, qu’on est un peu bourré, que la ceinture n’est pas bouclée, ou pire, que l’on roule sans gants à moto, on est un criminel. Vous pagayez tranquillement sur le Tarn ou l’Ardèche et voilà la Gendarmerie qui vous interpelle parce que vous n’avez pas votre gilet de sauvetage.
Quand on est en vadrouille, plus de petit hôtel en campagne, ils ont dû fermer parce que n’ayant plus les moyens de s’adapter pour répondre aux normes qu’on leur imposait pour accueillir leur 6 clients par mois. Les campagnes sont pleines de discothèques à l’abandon, lieux de perdition magiques il y a encore quelques décennies que l’on a fermées parce qu’il y avait un peu d’action et que si elles faisaient régner l’ordre on les fermait aussi.
Désormais, plus la peine d’aller à Paris ! Le célèbre « Paris by night » connu du monde entier est mort.
…Jusqu’où pensez-vous que le déclin ridicule, hystérique, de cette civilisation peut aller ?
C’est un problème double
Parce que si avant l’obligation de boucler sa ceinture ou de mettre le casque, nombreux étaient ceux qui les utilisaient simplement pour leur propre sécurité, désormais, il ne serait pas possible de revenir en arrière. Parce que si lorsqu’une possibilité non obligatoire existe, de l’utiliser est raisonnable, et donc il est légitime de porter le casque ou la ceinture, si on rend obligatoire cette possibilité, qu’on la sanctionne durement et qu’on relâche finalement la tension en réalisant qu’on est allés trop loin, c’est de ne pas utiliser cette sécurité qui devient raisonnable et alors on est légitime à ne pas l’utiliser et nombreux sont ceux à ne plus le faire. Si d’abolir une liberté se fait d’un trait de plume, d’une signature sur un petit texte, de la rétablir se fait à l’échelle des civilisations. Les devoirs se respectent, mais les droits s’approprient.
Revenir en arrière n’est pas impossible, mais très très difficile, c’est un travail de patience. Et, curieusement, des masses de gens trouvent ça très bien, que si cette abolition quasi totale des libertés ne sauve ne serait-ce qu’une vie, qui ne vaut de toute façon plus la peine d’être subie, alors elle est justifiée. Et c’est évidemment absurde puisque de toute façon tout étant interdit l’effet inverse se produit et plus personne ne respecte plus rien. Pourquoi s’embêter ? De toute façon c’est interdit !
La sécurité est donc sécuricide… nous vivons l’ère du sécuricide ! Stop à l’ère sécuricide, retrouvons notre sécurité de vivre.
Des normes absurdes partout et tout le temps
Un inventeur veut mettre en place un projet très sympa de taxis navigants écologiques avec les Sea Bubble sur la Seine et demande à pouvoir faire les essais ? Hors de question, beaucoup trop rapide, la loi l’interdit ! Une loi conçue pour les péniches à vapeur interdit l’utilisation de taxis électriques non bruyants et ne générant pas de vagues.
Ce n’est pas un détail, mais bien un symptôme, parce que ce qui n’a pas été possible, l’a été partout. Ils sont allés en Suisse, où la loi est toute aussi sévère, mais ils ont obtenu sans problème et en peu de temps l’autorisation. Alors même que le pays est encore bien plus liberticide que la France où vous pouvez encore éventuellement gueuler dans la rue, alors qu’en Suisse ça vous enverrait très vite au tribunal pour trouble à l’ordre public.
La France n’est donc pas plus sévère ni plus absurde, puisque ailleurs aussi tout est désormais interdit et depuis plus longtemps et éventuellement réprimé sévèrement. On ne peut pas non plus accuser les normes, puisque à la base elles sont plutôt protectrices et garantes d’amélioration des conditions de vie. Et, de toute façon, là encore ailleurs elles sont autrement plus sévères. Pour reprendre l’exemple de la Suisse, il y a encore 20 ans même les voitures neuves devaient passer « l’expertise », l’équivalent du contrôle technique français ou du TÜV allemand et certaines ne passaient pas. Aujourd’hui encore, bien qu’il se soit considérablement assoupli, au moins le quart du parc automobile français ne passerait pas le contrôle en Suisse.
Non, le problème, c’est leur interprétation. Si vous ne pouvez pas boucler votre ceinture dans la voiture parce que vous êtes trop gros et que la ceinture est trop courte, hors de question d’obtenir une dispense, on vous dira tout de go que vous n’avez qu’à cesser de conduire. Que vous soyez obèse ne suffit plus, vous devez en plus goûter votre handicap jusqu’à la lie. Et attention à ne pas acheter de rallonge de ceinture, c’est interdit. Si vous en avez une, quelle que soit sa qualité, il n’existe pas d’homologation européenne pour ça et donc vous serez considéré comme n’ayant pas la ceinture. Ce qui signifie que l’administration va préférer attenter à votre personne plutôt que de prendre le risque que vous ayez un accident non protégé. Votre personne n’a plus d’existence, vous n’existez plus, votre rôle n’est pas de vivre, mais de respecter la loi et les normes !
Et ça empire, parce qu’aujourd’hui vous n’êtes plus seulement surveillé par un agent sur le bord de la route, ni même seulement par un radar qui mesure la vitesse. Non, vous êtes TRAQUÉ, jour et nuit, par des caméras. Un contre-sens en ville à 4h00 du matin ? >> Vous recevrez un manche trois semaines plus tard. Vous aurez employé discrètement et brièvement une voie de bus pour gagner quelques dizaines de mètres ? >> Même topo ! Quand aux radars, désormais, ils vont également vérifier que vous portiez la ceinture, que vous ne téléphonez pas, que vous respectez la distance, que la plaque est bien lisible, que l’assurance est valide, que le contrôle technique est valide, etc…
VOUS ÊTES des veaux… parqués dans leur parc de contention !
Améliorer oui, mais l’empathie aussi
Si notre société tient absolument à devenir aussi complexe, elle va devoir apprendre à devenir plus empathique. Puisque plus il y a de lois et de normes à respecter, plus chacun est dans l’illégalité. Et les amendes, c’est du pouvoir d’achat en moins, donc de la croissance en moins, donc de la pauvreté en plus. Et l’Etat qui encaisse ces amendes qui viennent contribuer à son budget doit dépenser plus d’argent en raison du ralentissement économique induit par ce comportement. Et ça alors que fondamentalement si je ne porte pas de gilet de sauvetage sur le Tarn, que la loi dise qu’il est obligatoire ne me regarde pas. C’est à moi et à moi seul de juger. Je déteste ça, je ne le mettrai jamais, gendarmes ou pas. Et donc on va me criminaliser parce qu’en plus de désobéir à une loi stupide qui ne me regarde pas, je résiste à l’autorité, comme si j’avais à obéir à la police, comme si j’étais un veau dans son troupeau.
Il est donc urgent de tenir autant à l’amélioration de la vie que de la prise en considération de la restriction qu’elle représente.