Deux youtubeurs, Rodolphe Meyer, de la chaîne « Le Reveilleur » et Jean-Lou Fourquet, de « @Aprèslabiere » se sont associés pour réaliser deux videos, où ils démystifient les poncifs des anti-tout de principe, qui m’ont ESBROUFFE ! Je ne sais pas si tout le monde va comprendre, mais si ce n’est pas le cas ce ne sera pas de leur faute, être plus parfaitement didactique c’est difficile. Les exemples sont accessibles, tout est expliqué avec minutie et patience. Peut-être faudra-t-il à certains écouter plusieurs fois pour entendre, mais peut-être aussi que la promo de ces deux videos dans ce petit article, à partager partout pour avoir de la matière à répliquer, pourra-t-elle améliorer les choses.
Le nombre de fois où on a rétorqué à mes propos que « la physique c’est la physique » ou « c’est pas possible c’est physique » ou « la thermodynamique ragnagna… » (même toi, Rodolphe, une fois je t’ai écrit et tu m’as fait le coup ????, depuis tu as pondu deux ou trois videos qui me donnaient raison, mais ce n’est pas une critique, juste une pique vengeresse, vous faites vraiment du bon boulot ) et moi je ne peux répliquer qu’en disant que c’est leur interprétation de la physique qui pose problème (surtout en 1250 caractères sur Linkedin et avec l’argument d’autorité : « t’es qui pour dire que Machin a faux ?), mais qu’en réalité elle me donne raison. Désormais, j’aurai sous le coude leurs deux videos et ce petit article afin d’en faire la promo. Et quand un petit génie comme Janco qui nous débite son n’importe quoi à la fin de la video (merci, merci, merci, les gars ????) nous ressortira son speech sur les prétendues lois de la physique >> BIM ! >> petite séance éducative qui fait pas de mal. Cette video, il faudrait l’inscrire au patrimoine mondial de l’UNESCO, on va en avoir besoin pour combattre la bêtise rampante.
Leurs videos sont en deux partie, la première partie sur la chaîne de Rodolphe et la seconde sur la chaîne de Jean-Lou et il est crucial de bien tout écouter pour comprendre. En passant directement à la seconde vous seriez perdu et il faut bien suivre le déroulement de la pensée pour comprendre les notions qui sont déroulées ici, c’est-à-dire la thermodynamique, l’entropie et le chaos, qui sont des éléments confusionnels et mal compris et systématiquement mélangés des les esprits des détracteurs. Or il s’agit de physique et la physique, c’est jamais simple, même avec la pédagogie dont font preuve nos deux comparses avec un génie qui dépasse l’entende… enfin, bon, vous avez compris, c’est très très bon et voilà la première partie :
Maintenant que vous avez regardé 16 fois en 3 jours la première partie et que vous vous êtes fait une petite idée du sujet, voici la seconde, mais attention hein, même si vous avez compris la première, c’est pas que la seconde est moins didactique ni qu’elle est plus simple, elle va juste vous aider à grandir un tantinet.
Là, franchement, les gars, autant vous êtes géniaux, autant je ne peux pas m’empêcher de penser que vous m’avez lu. Il y a trop d’éléments que j’utilise inlassablement comme arguments depuis tellement d’années pour imaginer que je sois étranger à la construction de votre pensée (plantation de forêts pour générer de la croissance, de facto « verte », réutilisation du carbone, multiples transition sociétales dans l’Histoire qui ont fait reposer la croissance sur d’autres préceptes, et d’autres). En tous les cas un grand MERCI pour cet incroyable travail. Déjà, tout y passe : Roegen, Janco, Parrique (il manque Fressoz, alors qu’il aurait sa place dans la fin de votre video avec votre petit graphique qui met bien en évidence à quel point il a déjà fondamentalement tort). Et c’est important, parce qu’on nous les sert TOUS LES JOURS… c’est incroyable à quel point de dire n’importe quoi suscite l’adhésion des masses.
Quoi qu’il en soit, j’aimerais apporter un peu d’eau à ce puissant moulin, parce qu’il y a des éléments que je combats au quotidien, comme l’idée que la transition écologique serait « collective ». En réalité, collective elle l’est évidemment dans la mesure où l’humanité est un élément d’un gigantesque organisme vivant, pas limité à l’écosystème Terre, mais à l’Univers. Sans l’Univers, pas de Soleil, pas de Système solaire, pas de Terre avec un écosystème compatible avec l’humanité telle que nous la concevons. En réalité, même le réchauffement climatique n’est pas la résultante d’une pollution, il ne l’est qu’au sens du fait qu’il ne permettrait pas la vie telle que nous la connaissons. Mais rien ne dit qu’un autre écosystème ne pourrait pas exister beaucoup plus chaud, on a bien observé des bactéries vivant dans des sources sous-marines d’eau chaude, qui plus saturées en soufre, avec des températures absolument infernales. Et, donc, en ce sens, oui, c’est collectivement qu’il faut réaliser la transition écologique.
Mais il faut absolument comprendre qu’elle ne provient pas tant des habitudes de consommation que des habitudes de production. L’action individuelle est à la marge, comme consommer moins de viande, qui aurait un impact terrible. Mais isoler les logements, préférer le train à l’avion, ou aller au boulot à vélo, ça n’a intrinsèquement rien d’écologique. Si tout le monde allait à vélo, ça ne changerait tout simplement rien, ce serait sans effet. La voiture électrique pollue plus que le vélo, mais elle a une incidence systémique bien plus considérable et plus favorable à la transition écologique. Fondamentalement, plus on roulera dans l’avenir avec des véhicules individuels ou petit collectif, plutôt que des gros transports en commun, plus on ira vers la transition écologique, même si c’est contre-intuitif. De même, vous avez démontré qu’aujourd’hui il suffirait d’une part infime des terres émergées en photovoltaïque pour répondre à 100 % des besoins de l’humanité. Plutôt qu’isoler les bâtiments, ce qui cause des dégâts sociaux et économiques majeurs, met des propriétaires dans l’embarras, à même généré un « marché de la passoire thermique », on aurait bien mieux fait de chercher à produire assez d’énergie pour chauffer et rafraîchir les passoires thermiques en rendant l’énergie accessible au ratio de gaspillage du logement. Et c’est alors dans le cadre des travaux courants que l’immeuble serait isolé. Au lieu de faire comme on le fait, où avec ce forcing on génère une industrie terriblement polluante pour produire ces biens et équipements soi-disant écologiques et ensuite des chantiers pour les poser, tout en dilapidant de la ressource économique pour amplifier le déploiement des nouvelles énergies. En réalité on fait ça pour créer de l’activité économique, et avoir de l’emploi, parce que les énergies renouvelables n’en créent pas suffisamment pour tout le monde. Et comme ensuite on ne trouve pas de gens pour accepter ces jobs de merde, alors on durcit les conditions de vie pour contraindre les esclaves à bosser au lieu de passer au modèle de société suivant.
Et, pour l’avion, on va le décarboner, plus exactement, on va décarboner le transport aérien, qui sera beaucoup plus protéiforme, mais on pourrait tout-à-fait imaginer une société si massivement négative que le fait que l’avion consomme du pétrole ne poserait pas de problème, que ses émissions seraient largement compensées par la société, c’est d’ailleurs le postulat que tente d’imposer le lobby des fossiles. Ce serait donc envisageable de ne pas le décarboner, mais ce serait inintéressant, parce que sans progrès, sans intelligence. L’intelligence n’est pas de parvenir à continuer à voler malgré tout, mais de parvenir à être plus nombreux à voler, grâce à de la justice sociale, c’est-à-dire moins d’inégalité, plus souvent, plus vite et que non seulement ça ne pollue pas, mais que ce soit positif, régénérateur pour l’environnement. De même, on considère les émissions de carbone ou les fumées comme une pollution, c’est tout le biais cognitif sur lequel s’échafaude la pensée décliniste. En réalité, vous brûlez du charbon, il produit de la fumée, c’est-à-dire des suies et du CO2, deux éléments qui sont indispensables à la vie. Les plantes ont besoin d’eau pour résorber le CO2 en réalisant la photosynthèse, dont il est question dans les videos, mais elles ont besoin de CO2 pour respirer. On a juste là une petite idée d’à quel point les choses sont intriquées : trop de réchauffement c’est du manque d’eau, donc plus de photosynthèse, donc plus rien à manger. Les suies ce sont des microparticules toxiques si on les respire, mais les plantes, elles, adorent ça, c’est un puissant engrais, l’un des meilleurs que l’on puisse trouver. Si le fait de brûler du charbon pour le transformer en chaleur, suie et CO2 c’est de l’entropie, on voit donc que l’entropie n’est pas de la pollution. Elle ne l’est que par rapport à nous, à notre mode de fonctionnement et au fait que si nous respirons ces fumées, elles sont toxiques pour nous. Même pour le monde animal elles le sont déjà beaucoup moins puisque la plupart des animaux ont une espérance de vie beaucoup plus courte que la nôtre et donc ils ne vivront pas assez longtemps pour que d’avoir respiré ces suies aient une incidence néfaste sur leur vie. Le pétrole également est un puissant engrais pour votre jardin. A condition qu’il soit brut, évidemment. Le diesel, l’essence ou le mazout, ce n’est pas du pétrole, c’est du carburant à base de pétrole. Et là encore, lorsqu’il se produit une marée pétrolière, si c’est du brut, ce n’est pas de la pollution. L’entropie se traduit par la transformation de l’environnement avec ce pétrole dispersé sur une plage. Dans un premier temps il va tuer des oiseaux. Mais dans un second temps les enzymes dans l’eau vont le digérer et le faire couler jusqu’au fond où il enrichira le sol. Lorsque Saddam Hussein a quitté le Koweït, il a ordonné qu’on ouvre en grand les vannes des puits de pétrole pour se venger, des quantités ahurissantes de pétrole sont parties dans la mer. On a tout entendu, qu’il n’y aurait plus de vie durant dix ans, que les dégâts seraient irrémédiables. Dix ans plus tard une équipe de la Calypso s’est rendue sur les lieux pour voir les conséquences. Les fonds marins de cet endroit étaient à l’origine comme la surface : du sable désertique, il n’y avait rien. Quand les plongeurs sont arrivés, ils ont trouvé une végétation luxuriante, avec des jeunes coraux, des poissons aux milles couleurs comme sous les tropiques. Ce qui pollue dans une marée pétrolière, ce sont les produits chimiques utilisés pour nettoyer afin de ne pas perdre la saison touristique et ne pas compromettre la pêche, mais si c’est du pétrole brut, c’est très moche, selon nos critères humains, mais pour la nature, c’est très très favorable, ce n’est pas que ça la gêne, non, elle adore ça.
Il ressort de tout ceci un certain nombre de notions élémentaires à ne jamais perdre de vue pour ne pas rejeter l’idée de croissance régénérative et donc la possibilité d’une transition écologique : tout d’abord, il n’existe pas de déchet. Ce que nous appelons « déchet » c’est de la matière que nous n’utilisons pas et que nous jetons, il n’y a donc que des matières, des molécules, que nous n’utilisons pas dans l’économie linéaire qui consiste à extraire, du sous-sol, de la mer, peu importe, utiliser et jeter. Alors que l’économie circulaire implique de réutiliser au lieu de jeter et l’économie symbiotique implique d’utiliser également ce que la production rejette. Non seulement on ne jette plus, mais lorsqu’on produit, de l’énergie, de la matière, le résidu, l’entropie, issue de la transformation des molécules de base, devient également une ressource. C’est une autre matière potentielle qu’il convient d’apprendre à utiliser, ce qui peut être compliqué, mais dans la nature, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, chaque atome est réutilisé, si la nature peut le faire, nous pouvons le reproduire et utiliser chaque molécule, chaque atome, pour en faire quelque chose, au lieu de le balancer dans la nature, ce qui nous contraint alors à utiliser plus de ressource pour compenser celle que l’on a jeté bêtement. Mais ce qui est vrai pour la matière, qu’elle soit sous forme gazeuse ou solide, l’est aussi pour l’énergie. Aujourd’hui, une voiture freine avec des patins qui frottent sur un disque (ou dans un tambour) de manière à transformer l’énergie cinétique du déplacement en énergie thermique qu’elle dissipe dans la nature. Autrement dit, la nature sert d’échappement pour le gaspillage formidable d’énergie que représente le freinage. Avec une voiture électrique, il n’y a plus de freinage mécanique, mais un freinage électrique, l’énergie cinétique du déplacement n’est plus transformée en énergie thermique, mais en électricité qui va contribuer au déplacement du véhicule. Tant et si bien que dans un véhicule électrique un tiers des kilomètres, une part qui va grandir avec l’évolution technologique, ne provient pas d’une recharge. On a appris à réutiliser ce qui était jusque-là un déchet, on brûlait du pétrole pour atteindre de la vitesse, dont une grosse partie de l’énergie se dissipait par la chaleur que produisait le moteur thermique, mais aussi par la friction des pneus, un élément qui existe également sur la voiture électrique, mais encore par les freins et cet élément-là a disparu. C’est tellement efficace qu’avec les électriques on freine si peu que certaines doivent remplacer leurs freins parce que, trop peu utilisés, ils ont grippé. Prenons l’exemple du plastique, aujourd’hui nous le recyclons en le fondant de manière à refaire du plastique. A chaque refonte sa qualité se dégrade et donc on doit ajouter du nouveau plastique, frais, dans le recyclé, à hauteur de la qualité recherchée. Ce n’est pas très efficace et c’est complexe, parce qu’il faut que les plastiques soient triés pour être séparés, parce qu’incompatibles entre eux. Et ensuite on ne peut pas tout recycler, parce que ça ferait trop de matière et donc la plus grosse part est d’office perdue. Recycler le plastique de manière efficace ne consistera donc pas à le fondre pour lui donner une nouvelle forme, mais à le dépolymériser, de manière à le séparer en molécules chimiques de base qui pourront servir soit à refaire du nouveau plastique, soit d’autres choses. Ce qui compte, c’est de ne pas gaspiller de molécules.
Et donc c’est ça l’esprit humain : l’intelligence, de comprendre et décarboner, exploiter cette entropie pour en faire une nouvelle ressource, faire en sorte que l’action humaine néfaste jusque-là, qui nous a apporté de la connaissance, soit inversée. Et si je vous parle d’intelligence, c’est parce qu’elle est la plus grosse source d’exergie et nos deux vidéastes n’en n’ont pas parlé. La preuve, que l’intelligence est bien cela, c’est que le cerveau humain est l’organe qui consomme le plus d’énergie, qui est donc le plus source d’entropie. Sans cerveau, on ferait moins caca, quoi… et donc nous aurions besoin de moins consommer d’aliments issus de la photosynthèse… or, cette intelligence sera à la source non pas de la limitation du réchauffement et de tenter bêtement de s’y adapter, ce qui n’est pas réaliste, on voit déjà bien qu’avec +1,3° ça devient compliqué, même avec +1,5° durablement le monde ne serait plus vivable, la société se déstructurerait, deviendrait instable, violente, avec des pénuries… mais de l’inverser ! Pourquoi ? Parce qu’on sait le faire et que c’est l’intelligence qui stimule l’humanité et la caractérise depuis la nuit des temps. Un dauphin ou une orque, un éléphant, sont aussi intelligents que nous cognitivement parlant, mais dans 10 000 ans ils seront toujours ce qu’ils sont. Ce n’est pas du mépris, mais juste que l’humain, doté de la préhension, ayant besoin de toucher pour comprendre a développé sa curiosité jusqu’à trouver comme moteur de l’existence ses réussites, ses franchissements de l’impossible. Et l’humanité au fil de l’Histoire, ce n’est que ça : une suite du dépassement d’horizons (sociaux, techniques, technologiques, moraux…) indépassables.
Bravo et merci à eux en tous cas, j’ai écrit ce petit article pour ne pas perdre le baratin que je viens de leur servir et qui me permettra de balancer leurs videos à tours de bras pour instruire les benêts qui me servent leur soupe depuis tant d’années, à moi, l’ignare, ni scientifique ni ingénieur, juste un humble surhomme, qui me retrouve contraint à tenter de leur expliquer en quoi ils se trompent de toute la force de mon ignorance. Là on a deux jeunes gens brillants, que l’on va exploiter sans vergogne et qui ne demandent que ça. Je prends ce genre de videos comme le signal de départ du changement, le recul de la bêtise populaire. Comme je l’ai toujours expliqué, l’humanité met systématiquement 30 ans à intégrer les grands concepts et voilà pourquoi c’est aussi le cas pour les siècles et donc nous entrerons dans le 21e siècle à partir de 2030 et vous en êtes le signal vivant.