Recrudescence mondiale de populisme, orientée, organisée, voulue, consentie

Portée et financée par la pensée climatodénialiste qui supporte l’extrême-droite et la droite libertarienne, dont les conséquences des idées sont favorables aux conservatismes financiers du 20e siècle. Structurée par une organisation mondiale richissime cette pensée finance et entretient tout un tas de choses, la mouvance identitaire, le racisme, l’homophobie, les valeurs morales traditionnelles, etc..

Le réseau exploite toute instabilité et celle, récurrente, du au réchauffement climatique est parfaitement opportune, tout en euphémisant les données dans les études afin de le rendre supportable, de façon à ne pas avoir l’air négationniste et en restant positif. Et ça marche, les moyens sont si colossaux que la population est dupe et bascule vers les conservateurs, à droite et à l’extrême-droite, le climatodénialisme progresse (à ne pas confondre avec le climatosceptiscisme, désormais trop connoté, on préfère dire que oui, le réchauffement existe, mais ce n’est pas si grave que ça et ce n’est pas l’humain qui en est responsable). La bêtise et la méchanceté, deux sentiments qui siéent naturellement à l’esprit humain et dont l’Histoire est émaillée, avançant avec cette propension, les valeurs traditionnelles retrouvent des couleurs et donc la détestation de tout ce qui n’y correspond pas.

C’est une tendance née du complexe militaro-industriel dont Roosevelt disait au monde de se méfier. Après avoir noyauté la politique internationale, par exemple en imposant la technologie nucléaire issue de la recherche militaire pour la propulsion des véhicules, sous prétexte qu’elle était la seule disponible à ce moment-là, ce qui a permis durant des décennies de produire de l’armement en quantité, au début des années 80 ils sont parvenus à mettre en place des pions majeurs, Reagan aux Etats-Unis, Margaret Tatcher au Royaume-Uni. Au préalable ils avaient déjà installé des dictatures qui leur étaient favorables, comme Pinochet, au Chili ou les « colonels » en Grèce, Salazar au Portugal, Franco en Espagne (ce qui amènera les Accords de Madrid en 1953), tous ces gens avec une dictature de droite trouvaient leurs financements essentiellement aux Etats-Unis dans la droite conservatrice.

Après l’élection de Reagan et Tatcher, ils ont pu passer à la vitesse supérieure, ayant une influence beaucoup plus significative sur la plus grande économie du monde et sur le Royaume-Uni où ils ont pu alors détricoter les avantages sociaux. Ce qui a induit de l’inégalité, qui est le fer de lance de leurs thèses méritocratiques, ce qui fut source de famines au Royaume-Uni (le seul pays de l’OCDE à avoir connu ça sur la fin du 20e siècle et le début du 21e) et de pertes d’accès à l’éducation ou la santé aux Etats-Unis, où des gens meurent devant les hôpitaux, faute de moyens de se soigner, alors qu’avant Reagan l’éducation universitaire et l’accès à la santé étaient des droits inaliénables, le socle du « rêve américain ». Au Brésil ils ont eu Bolsonaro, qui a mis en place un certain nombre de mesures inégalitaires, en Argentine ils ont désormais Javier Mileil, libertarien exalté et même délirant. Auparavant ils avaient réussi à placer Trump, qu’ils soutiennent fermement et financent abondamment (plus de 1 milliard pour sa campagne, qu’il remboursera en avantages inégalitaires favorables aux entreprises) et dont il n’est plus nécessaire de tracer le profil ô combien toxique.

Même la guerre en Ukraine est directement issue de cette tendance, Poutine étant le plus ouvertement du monde soutenu par divers conservatismes. Qui aujourd’hui s’offusquent de la guerre parce qu’ils ne faisaient que soutenir un puissant chef d’Etat qui représentait leurs valeurs, probablement sans s’imaginer que ça déclencherait la guerre. Mais cette guerre était bel et bien programmée, l’ex chancelier allemand Helmut Schmidt avertissait déjà du danger de guerre mondiale il y a dix ans. Après la guerre froide et l’effondrement du bloc soviétique, les américains ont manigancé pour piloter l’OTAN en l’étendant vers l’Est, contrairement à leur parole donnée à Gorbatchev en 1992. Alors, bien sûr, ce n’est que de la diplomatie, pas de l’agression directe, c’est plus vexatoire qu’autre chose, mais un homme usé par 20 ans de pouvoir archaïque confronté aux agissements et manigances diplomatiques des Etats-Unis sous couvert d’ouverture, de sécurité, de progrès, a fini par ne plus être capable de raison et ça a déclenché la guerre, qui sert largement les intérêts de cette caste, ce qui à la fois renforce la vassalité de l’Europe, la contraignant à agir pour prendre son indépendance et ensuite affirmer son amitié aux Etats-Unis qui ainsi auront non seulement l’influence, mais plus la nécessité d’y mettre des moyens pour l’obtenir. Une Europe vassale coûte cher, une soumission spontanée est toujours bien plus favorable. Et grâce à l’influence d’un gigantesque réseau organisé, disposant des grands médias, de puissants lobbys, il est possible de retirer des avantages considérables de cette situation.

Et voilà pourquoi cette mouvance conservatrice finance des lobbys de tout poil, tout d’abord ceux qui la servent directement, Le Tea Party, l’IFRAP, l’Institut Molinari, les partis d’extrême-droite comme de droite conservatrice, comme les républicains aux Etats-Unis et Les Républicains en France, ainsi renommés par Sarkozy, un autre de leurs pantins –très copain avec Emmanuel Macron, comme ça se trouve, et qui a mis Gabriel Attal sur sa route, par pur hasard– pour afficher clairement leur appartenance. Parce que cette mouvance n’agit pas dans l’ombre, ils le font en pleine lumière, ils ont un site web, des pages Wikipedia, des médias, qui sont de plus en plus contrôlés par des milliardaires qui ne s’en cachent pas, parce que la transparence, c’est la propreté et la sincérité, tout ceci se passe sous notre nez, bien visible, toujours. C’est clair, donc c’est pur et c’est de plus en plus accepté à force de tarabuster. Et pour cause, ils soutiennent ce que les esprits veulent entendre de façon la plus primaire : la liberté, le mérite, la toujours flatteuse responsabilité individuelle, le droit d’entreprendre, le droit à la propriété, de se défendre, etc. Pour cela ils soutiennent que l’inégalité est naturelle, inhérente à la nature humaine, parce que dans la nature certains humains sont faibles, d’autres sont forts. C’est triste pour les faibles, certes, mais une société faite par et pour les forts est tellement plus puissante et si la sélection naturelle élimine les faibles, il n’y a plus d’inégalité et donc « trop d’égalité tue l’égalité », c’est logique, simple, accessible, facile à intégrer. Et on le sait, on sait même pourquoi, les pauvres votent plus volontiers pour les riches et donc contre leurs intérêts. Parce qu’en agissant ainsi ils se dédouanent de leur situation en s’identifiant à la réussite plutôt qu’à l’échec ce qui leur permet de conserver leur statut « d’avant-dernier ». Le Smicard est pauvre, mais il travaille et donc il finance l’aide sociale pour ceux qui sont encore plus pauvres que lui. Il n’est donc pas dernier et il a l’espoir de s’en sortir s’il vote pour celui qui lui promet qu’il le laissera faire s’il le souhaite, alors qu’en votant pour ses intérêts, il vote perdant. Il s’enferme alors dans une aliénation de son individualité, persuadé qu’à force de détermination, de constance, dans le travail il va s’enrichir alors qu’il ne fait qu’enrichir celui pour qui il a voté qui en échange lui donne quelques clopinettes. C’est une pathologie connue sous le nom de « syndrome du larbin ».

Mais cette mouvance finance également, par des moyens détournés, l’extrême-gauche et les grands partis écologistes, en leur faisant soutenir des thèses plus ou moins ubuesques et peu désirables par la population, comme moins prendre l’avion, aller au travail à vélo, moins chauffer, retourner à l’agriculture, qui doit être plus manuelle, moins se déplacer, moins voyager, prendre les transports publics, moins posséder de véhicule individuel, etc., etc., toutes choses qui rendent l’écologie rébarbative, soutenues très fermement par des activistes militants et font reposer la transition écologique sur la population. Des actions dont le caractère sacrificiel « je fais des efforts, je souffre, donc j’agis » qui font de chaque personne qui refuse de les soutenir un égoïste arriéré inconscient des enjeux, l’extinction parfaite de la raison. Tout ceci  de manière à protéger l’industrie et les multinationales et donc les bénéfices des « gagnants » en éloignant la population de leurs intérêts sous prétexte de protéger l’économie. Ce qui génère en contre-coup la résistance sociale au changement, ce qui est favorable à l’épanouissement de leur tendance en décrédibilisant les causes de gauche ou attribuées à la gauche qui sont alors assimilées à ces grands mouvements, ce qui renforce leur position politique. Plus on finance de grands mouvements en leur faisant soutenir des propositions désagréables, plus la diversité d’opinion avec des propos constructifs et pertinents est décrédibilisée par association et par ceux-là même qui devraient entendre et qui soutiennent inconsciemment les intérêts qui leurs sont contraires, muselant ainsi l’intelligence qui risquerait d’être trop défavorable aux intérêts financiers du 20e siècle. On a par exemple vu Aurélien Barrau parler devant le Medef ou encore Camille Etienne. Leurs propos sont suffisamment bien exprimés pour faire sérieux et suffisamment ridicules pour ne pas risquer de faire évoluer les choses dans le bon sens, ils ne sont tout simplement pas dangereux. Ainsi le MEDEF se donne-t-il une image positive à peu de frais en faisant mine de s’intéresser à des propositions alternatives, tout en agissant bien évidemment exactement dans le sens contraire dans les faits. Mais cela permet de porter plus loin la pensée des populistes politiques d’extrême-gauche  et pseudo-écolos aux idées trop primaires pour être pertinentes et ainsi décrédibiliser l’ensemble de la gauche jusqu’au centre. La droite c’est le pragmatisme terre-à-terre, la gauche c’est l’idéalisme purement idéologique mais non conforme à la nature humaine. Même si la population est majoritairement à gauche, la droite étant structurée et ordonnée, sa population minoritaire obéissante suit comme autant de petits soldats et le jeu peut s’amplifier sans vergogne à l’avantage de la finance, tandis que la gauche, bien moins riche et donc moins organisée, dispersée, s’éparpille, diluée dans un grand brouhaha.

Tout ceci est parfaitement noyauté à tous les niveaux. Chaque étude, touchant au climat, l’énergie, l’inégalité, aussi bien les rapports du GIEC que de l’AIE, les institutions politiques, parlements, partis politiques, fondations, pseudos instituts,  partout il y a des individus plus ou moins conscients de leur appartenance qui bénéficient des avantages pécuniaires de soutenir ces thèses libertariennes, souvent sans même en avoir conscience, persuadés être « patriotes » ou « favorables à une société équilibrée ». L’inégalité s’est accélérée à partir du milieu des années 80, sous la pression de Reagan et Tatcher qui ont mis en place ce que nous appelons aujourd’hui le « néolibéralisme ». Un système libertaire favorable au capital au détriment du libéralisme, favorable à l’ouvrier, puisqu’il consiste à garantir le droit de chacun de s’extraire de sa condition. Et le néolibéralisme favorise donc les déciles supérieurs, réputés méritants, qui gagnent de plus en plus d’argent (et celui qui s’en offusque n’est qu’un jaloux), au travers de la distribution massive de ressource financière des Etats en contrepartie de la création d’emplois de plus en plus merdicimaux que l’Etat doit subventionner indirectement ce qui permet aux actionnaires d’empocher la part de salaire versée par l’Etat à grands coups de dette souveraine.

Cette caste en émergence ayant les moyens de s’adapter au réchauffement climatique, du moins le pense-t-elle, le sort des pauvres ne la concerne pas. Au 20e siècle le pauvre avait une utilité, puisqu’il fournissait sa force de travail pour la production dans la société de consommation mise en place pour élever le niveau de vie de tous. Aujourd’hui la connaissance est telle et la population si nombreuse, l’automatisation répondant sans problème aux services essentiels de production, cette masse n’a plus réellement d’intérêt. Il ne s’agit pas tant de mépris que d’indifférence, ce que des auteurs, certes très orientés à gauche, comme Monique et Michel Pinçon-Charlot, nomment « La violence des riches ». Pour cette caste nouvelle qui se constitue sans même que tous ses membres s’en rendent vraiment compte, emmenés qu’ils sont par de véritables gourous flatteurs, tant mieux si vous parvenez à vous en sortir et tant pis si ce n’est pas le cas. S’il vous arrive quelque chose, c’est triste, mais c’est la vie, c’est la nature, l’inégalité naturelle. Combattre la lutte contre le réchauffement climatique (et non pas le réchauffement climatique lui-même, c’est le climatonégationnisme), bien évidemment sans en avoir l’air, est alors favorable à cette organisation qui ne vise qu’une seule chose : le pouvoir ! Pas le pouvoir absolu, pas le pouvoir monarchique, non, le pouvoir de contrôler, d’influer, d’orienter dans son sens, les décisions politiques et les opinions au bénéfice de ses intérêts purement financiers. Et l’écologie et le réchauffement climatique sont le thème idéal pour cela. Le réchauffement climatique promet beaucoup d’inégalité, contre laquelle on ne pourra malheureusement rien, autant l’accepter et sauver ce qui peut l’être en se réfugiant dans les valeurs conservatrices traditionnelles qui ont permis de faire du monde ce qu’il est en portant la société jusqu’à aujourd’hui.

C’est limpide…

 

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