
Un peu d’histoire de l’Europe pour comprendre un peu mieux le processus qui nous a menés là où nous sommes, qui n’est encore qu’une étape vers une Union européenne plus intégrée, mais qui a d’ores-et-déjà considérablement amélioré le niveau de vie de beaucoup de monde et ouvert largement les frontières, engendrant déjà la première génération européenne, appelée « génération Erasmus ». Un million de jeunes qui avant d’être nationaux, sont européens, des cosmopolites, qui parleront plusieurs langues, vivront là où se trouvera leur vie, quelque part sur un territoire de près de 5 millions de kilomètres carrés qui n’a pas encore fini de s’étendre.
L’amitié franco-allemande est l’affaire de tous !
Les Accords de l’Elysée sont plus que les accords de la paix, ils sont les accords de la prospérité. Le paradoxe de Charles de Gaulle est qu’il aimait profondément les allemands, dont il maîtrisait la langue parfaitement. Depuis sa fondation, à la fin du XIXème siècle, l’Allemagne connaissait des soubresauts économiques, elle était instable politiquement et économiquement, ce qui compromettait la construction de l’Europe et a engendré deux guerres mondiales.
Par deux fois les Alliés sont venus nous aider à rétablir la paix. La seconde fois, il a été décidé que nos alliés et amis n’avaient pas pour vocation de venir mourir en Europe pour faire la police et qu’il fallait un grand plan de développement socio-économique pour le XXème siècle, une Europe unie, stable, forte et en paix. C’est le discours de Robert Schuman le 9 mai 1950 qui initia le mouvement par la construction d’une Europe de l’industrie dans un premier temps, la CECA, qui donnera lieu à Euratom, en 1957, puis l’AELE, en 1960.
En 1963 sont signés les Accords de l’Elysée
Charles de Gaulle et Konrad Adenauer scellent ainsi, espérons pour l’éternité, l’amitié et la coopération franco-allemande pour le développement de l’Europe unie dont ils seront la clé, aboutissant au Traité de Maastricht en 1993, traité fondateur de l’Union européenne et à l’EEE un an plus tard, pour les pays ne souhaitant pas adhérer à l’Union européenne.

L’EEE rassemblait alors pour ainsi dire tous les pays d’Europe occidentale
A l’exception de la Suisse qui a refusé d’y adhérer le fameux « dimanche noir » du 6 décembre 1992, de sinistre mémoire. Les suisses allemands étaient descendus en masse dans les rues, armés de fourches et de faux, déclarant que si la Suisse y adhérait ce serait la guerre. Finalement, malgré la mobilisation massive, avec un taux de participation unique dans la démocratie suisse de l’ordre de 80% et un immense oui massif de la Suisse moderne et progressiste de l’Ouest, c’est la Suisse archaïque qui emporta le non de seulement quelques milliers de voix.
Aujourd’hui, la Suisse a intégré l’Espace Schengen et bénéficie d’accords spéciaux, dits « Bilatérales II ». Elle paie une cotisation à l’Europe pour accéder à son marché et profite ainsi de la libre circulation des personnes et des capitaux. Un certain nombre de pays membres de l’EEE sont devenus membres entre-temps de l’Union européenne, quelques-uns sont en-dehors (l’Islande, qui a retiré sa demande d’adhésion mais envisage l’adoption de l’Euro. La Norvège, qui bénéficiant de la manne pétrolière n’avait pas souhaité adhérer et aujourd’hui que le pétrole s’épuise commence à en parler et les pays de l’Est qui ne sont pas encore dans l’UE) et le Royaume-Uni a prévu de la quitter en 2019, ce qui n’est pas encore fait toutefois.
L’Allemagne, moteur économique de l’Europe
Les excédents commerciaux et financiers de l’Allemagne existent parce que les allemands consentent à des sacrifices, à commencer par leurs infrastructures qui se délabrent, abandonnées au profit de l’Europe, en sus de leur population sous pression. Mais ces excédents servent à les désendetter massivement, ce qui était l’objectif premier des Accords de l’Elysée, visant à installer l’Allemagne dans la prospérité et en faire un partenaire solide pour la France, s’aidant mutuellement dans leur transition vers le XXIème siècle.
Ce désendettement est CRUCIAL, pour acquérir une capacité d’emprunt massive en centaines de milliards indispensable dans l’avenir.
La France soutient activement l’Allemagne
Ce qui n’est jamais perçu, c’est que c’est finalement la France qui porte à bouts de bras l’Allemagne depuis l’introduction de l’Euro. C’est en effet la France qui a consenti à l’avantage monétaire à la conversion du Mark pour contribuer à la Réunification en répartissant sur l’ensemble de la Zone Euro une part de son coût. Un arrangement consenti par François Mitterrand à Helmut Kohl qui posait cette condition pour l’adoption rapide de la monnaie unique. Deux hommes que tout opposait, autant politiquement, que philosophiquement que même physiologiquement, tant Helmut Kohl était un homme de haute stature.

Puis, avec Schröder, l’Allemagne a diminué ses importations de 1%, c’est la France qui a assumé 80% de cette baisse. Elle a augmenté ses exportations de 1%, c’est encore la France qui a absorbé 80% de cette hausse.
Tout ceci est la contribution française au couple franco-allemand issu des « Accords de l’Elysée » pour permettre à l’Allemagne de s’assainir et se stabiliser.
Dans le même temps, la France s’est désindustrialisée
Pour réorienter progressivement son industrie vers celle du 21 ème siècle, ce qu’elle est en train de faire à la vitesse Grand V depuis 2012, la France est entrée dans un grand mouvement de « destruction créatrice » chère à Schumpeter. Lorsque ce sera fait, ce sera au tour de l’Allemagne de devoir réorienter son industrie, qui repose encore pour une part considérable sur le charbon ou l’acier, qui sont des industries non seulement obsolètes chez nous, mais qui, en plus, en les exploitant nous-mêmes compromettent le développement d’économies émergentes qui n’auraient pas la capacité technologique d’autres industries.
L’Allemagne se prépare à délocaliser massivement ses productions, elle a déjà commencé, mais ça s’accélère. Et pour financer la nouvelle industrie, il lui faut de la capacité d’investissement et donc se désengager de sa dette souveraine, ce qu’elle a fait. En 15 ans elle est passée de 98% d’endettement à nettement moins de 70% aujourd’hui.
Voilà pourquoi l’Allemagne a fait preuve de tant de raideur face à la Grèce
Elle n’avait tout simplement pas les moyens de faire autrement. Elle ne pouvait pas se désendetter et soutenir la Grèce en même temps. Elle-même assumant déjà largement sa part de la construction de l’Europe depuis l’après-guerre. Si la Grèce connaît une crise profonde, ce n’est qu’un petit pays d’Europe qui souffre. Si l’Allemagne ne se désendette pas, c’est les grands plans de développement socio-économique à échelle européenne qui sont compromis.
Et ce développement socio-économique est une contribution indirecte de l’Allemagne au développement socio-économique de chacun des pays membres qui ont tous reçu une manne à leur entrée. Un cadeau de bienvenue et un prêt, qui a permis aux nouveaux arrivants de connaître une véritable explosion de leur niveau de vie. Ces aides ont été payées par l’UE, auprès de laquelle l’Allemagne est le premier contributeur. De fait, quoi qu’on en dise, à travers l’Union européenne, l’Allemagne partage ses bénéfices qu’elle réalise grâce à cette même Union européenne qui, à terme, connaîtra la prospérité grâce à la solidarité.
Malgré les atermoiements anti-européistes
Le fait est que l’Union européenne est aujourd’hui la zone économique la plus riche, la plus sécuritaire, offrant le plus haut niveau de vie et la plus démocratique de la planète et de très loin. Même si tout n’y est pas parfait, nulle part ailleurs les libertés individuelles, la liberté d’expression, la liberté de la presse, la démocratie, sont aussi développées. Ceux qui crient à la dictature n’ont en fait que des croyances reposant sur l’ignorance crasse du fonctionnement de l’Europe et de ses agissements réels.
Il suffit d’un peu de lecture pour apprendre de quoi est faite l’Europe et comprendre son infinie complexité, son immense générosité et sa fabuleuse destinée. Non, il n’y a pas « des » peuples en Europe, il y a un peuple, unit sous une bannière, constitué de différentes nations qui luttent pour la paix et la prospérité.