La guerre : une solution pour venir à bout d’une crise et faire repartir la société sur de nouvelles bases ?

C’est dans ce contexte de crise que nous traversons, que certains évoquent la guerre comme possibilité pour en quelque sorte réinitialiser la société. Cela en références aux périodes fastes qui ont succédé aux conflits mondiaux du XXème siècle. On se souvient de la folie économique des années 1920 qui a succédé à la Première Guerre Mondiale, ainsi que des Trente Glorieuses qui ont succédé à la Seconde Guerre Mondiale. On évoque souvent le fait qu’une guerre créerait des emplois et de nouvelles usines pour reconstruire le pays meurtri à la fin, et même pendant le conflit, en faisant référence à ces nombreux ouvriers au chômage aux États-Unis suite à la Grande Dépression et qui ont trouvé du travail durant la Seconde Guerre Mondiale dans les usines d’armement car il fallait de la main d’œuvre pour assurer l’effort de guerre.

Seulement, nous verrons qu’en réalité, c’est plus complexe que cela. En effet, il faut savoir que le contexte et le niveau de vie de la population n’était pas le même qu’aujourd’hui et que par conséquent, une nouvelle guerre génèrerait plus de problèmes, que de solutions à la crise que nous connaissons actuellement. Nous verrons aussi que non seulement une guerre n’est pas nécessaire, mais en plus, qu’elle donnerait un coup d’arrêt à notre processus d’évolution sociétale.

Au XXème siècle, le monde était différent de celui d’aujourd’hui

Il faut savoir que la société telle qu’elle est aujourd’hui est bien différente de ce qu’elle était en 1939 et auparavant. En 1939, 80 % de la population vivait dans la misère, terrée dans la campagne, ne jouissant d’aucun pouvoir d’achat, qui lui ne concernait que les 20 % qui restaient. S’il y avait une guerre, cela ne changeait pas grand-chose pour la majorité de la population qui de toute façon ne pouvait vivre que de leur subsistance. De plus, il y avait nos colonies, dans lesquels on pouvait se servir lorsqu’on avait besoin de matières premières pour se reconstruire. Sans oublier la dette sur laquelle on pouvait encore se permettre de faire faillite parce que nous étions les seuls pays industrialisés dans le monde et que l’activité économique qui existe aujourd’hui n’existait pas auparavant. Personne ne pouvait nous prendre de court. De plus, l’inflation induite par le ralentissement de l’activité économique, en raison d’une période de conflit, n’impactait pas la majorité des individus puisqu’ils n’avaient aucun pouvoir d’achat, donc pas de devises en leur possession sur un compte bancaire.

Une population globalement plus riche induit une complexification de la société

Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et l’épisode des Trente Glorieuses, le niveau de vie global de la population a considérablement augmenté. Par conséquent, notre société s’est complexifiée. Le pouvoir d’achat concerne la majorité de la population qui en plus vivent en grande majorité en milieu urbain. De ce fait, si des usines, notamment agroalimentaires, se retrouvent bombardées, on pourrait potentiellement se retrouver avec du chômage et des émeutes de la faim en raison des pénuries que cela engrangerait. En effet, il serait difficile en milieu urbain de subsister en ayant un petit jardin pour se nourrir, faute de place.

Et encore, il suffirait que des centrales électriques soient détruites pour mettre à sac notre économie, et donc notre puissance militaire. De plus, nous ne disposons plus de notre vaste empire colonial, et nous ne sommes plus les seuls pays industrialisés au monde puisque ces mêmes anciens pays colonisés deviennent eux-mêmes des puissances industrielles. Les retards économiques induits par la guerre feraient que nos anciennes colonies, devenues nos adversaires, nous prendraient de court et que si nous leurs réclamons de l’aide pour se reconstruire, ils nous imposeraient des conditions drastiques qui ne nous permettraient pas de retrouver notre puissance et notre influence dans le jeu des nations. De ce fait, la reconstruction serait plus lente et plus douloureuse pour une population qui se retrouverait à la misère avec des usines détruites, une pénurie de produits de première nécessité et l’absence de soins suite aux destructions provoquées par les bombardements. Sans compter sur l’inflation dû au ralentissement, pour ne pas dire à l’arrêt de notre économie, qui impacterait encore d’avantage ceux qui avaient conservé leur compte bancaire et provoquerait tout simplement la ruine de l’ensemble de la population. D’autant plus que maintenant, la majorité possède de la monnaie dans un compte bancaire.

Des technologies de combat qui provoqueraient autrement plus de dégâts et donc aggraveraient l’impact d’un éventuel conflit armé

Nous ne revivrons pas les grandes batailles des deux grandes guerres du XXème siècle, comme celles qu’il y a eu auparavant. Nos technologies ainsi que la complexification de nos sociétés font que quelques pannes informatiques et électroniques nous réduiraient à néant avant même que des troupes soient mobilisées. Si l’ennemi use ne serait-ce que d’une bombe qui provoquerait une panne générale d’internet, plus rien, pas même nos armes, hormis les vieux engins fonctionnants il y a encore 40 ans, à l’époque où l’électronique n’existait pas, ne fonctionneraient. Bref, l’issue de la guerre serait fixée avant la moindre effusion de sang.

Si certains affirment qu’une guerre avantagerait les riches, il faut savoir qu’eux aussi se retrouveraient lésés. Même s’ils ne prenaient pas part aux combats en tenant un fusil et en allant dans les tranchées, il fallait qu’ils mobilisent leurs efforts pour la guerre en reconvertissant leurs usines. Ce qui pouvait prendre du temps et impacter sur leurs bénéfices le temps de la reconversion, en raison des nombreuses dépenses que cela impliquait.

Si les usines et autres outils de productions étaient bombardés, leur gagne-pain ne leur rapportait plus rien. Ils se retrouvaient ruinés. Sans compter sur la perte de leur clientèle avec la baisse de la population, morte au combat. Sans compter sur les salariés, qui se retrouvaient sans emploi puisque tout était détruit et qui se retrouvaient alors dans la misère, donc sans pouvoir d’achat. Par ailleurs, après la Seconde Guerre Mondiale, les riches ont consenti à payer énormément d’impôts sur les bénéfices de leurs entreprises pour redonner à l’État les moyens de se reconstruire et ainsi relancer la machine économique, sans quoi il leur était impossible de s’enrichir.

La guerre n’est pas la solution, la solution pour sortir de la crise, c’est la Transition Sociétale

Le problème que nous connaissons à l’heure actuelle est que l’évolution technologique fait que le travail devient de moins en moins nécessaire pour produire les biens et les services. Ce qui remet en question le mode de redistribution de la création de richesse par les salaires. Comme nous ne nous sommes pas adaptés en conséquence, ceux qui n’ont pas de travail s’appauvrissent, tout comme ceux qui en ont d’ailleurs.

Sauf qu’il n’y a pas besoin de guerre pour faire la transition. Au contraire, comme démontré précédemment, cela ne ferait que précipiter la chute de notre civilisation. La seule chose à faire, c’est simplement de mettre en place des mesures propices à la Transition Sociétale pour adapter la société à la fin du travail et ainsi la relancer avec un moyen de redistribuer la création de richesse autre que par les salaires. De cette manière, la société pourrait bien se retrouver à une nouvelle période de prospérité digne des Trente Glorieuses. Ce, sans être passé par une guerre dévastatrice aux conséquence irréversibles.

Des mesures politiques nécessaires pour permettre cette transition vers l’économie du XXIème siècle

Pour adapter la société à l’automatisation de la production, induisant une diminution progressive du travail pour produire les biens et les services, il suffit que l’État prenne une série de mesure pour mettre en place un environnement collaboratif qui donnera aux individus les moyens de contribuer à la société, et donc de gagner leur vie autrement que par le travail.

Dans cette série de mesure, il en faut une pour permettre aux individus de toucher le minimum de part de création de richesse à laquelle ils ont droit du simple fait de leur existence. En effet, quel que soit ce qu’on fait dans la société, on crée de la richesse, notamment en visionnant des publicités sur internet et même dans la rue, ou simplement en faisant nos courses du quotidien. Ce premier élément, c’est le revenu universel, calculé sur la base d’un impôt négatif, qui diminue au fur et à mesure que les individus concernés augmentent leurs revenus en parallèle. C’est ce qui se fait déjà avec la prime d’activité. Cependant, cela ne sera pas suffisant pour que les individus, notamment ceux qui ne disposent pas de moyens conséquents, démarrent seuls leur projet. Il leurs faut des capitaux pour cela.

C’est là qu’intervient le second élément, qui est la mise en place d’une série de mesures fiscales qui, en plus de succéder à l’impôt sur le revenu, incitera les riches à réinvestir leurs capitaux dans l’économie réelle. Cette série se compose de trois impôts que sont l’impôt sur le niveau de vie, l’impôt sur l’inégalité et enfin un nouvel impôt sur les dividendes. Mais cela ne suffit toujours pas. En effet, l’investissement des capitaux des riches seuls n’est ni plus ni moins qu’un transfert d’une poche à une autre. Or, il faut créer de la richesse. De plus, dans cette configuration, seuls les riches pourraient investir dans l’économie réelle, et ce n’est justement pas le but recherché. Il faut que l’individu lambda puisse aussi influencer sur des projets en disposant d’une certaine capacité d’investissement. Sans compter sur le fait qu’il faille fédérer l’ensemble des acteurs économiques, financiers et porteurs de projet, pour que tout le monde s’y retrouvent avec d’un côté les financiers qui sauront où investir leurs capitaux et les porteurs de projets qui pourront disposer davantage de visibilité et de soutien logistique.

C’est là qu’intervient le troisième élément qui deviendra le pilier de l’économie du XXIème siècle : l’Action Mutuelle d’Investissement. Il s’agit d’une plateforme de financement participatif qui réunira les capitaux de l’ensemble de la société, riches et moins riches, et disposant du levier bancaire, pour ainsi démultiplier la capacité d’investissement des individus et créer de la richesse. Ce levier bancaire sera particulièrement utile pour les individus issus de la diversité car non seulement cela démultipliera leur capacité d’investissement, et donc leur influence dans l’économie réelle, mais en plus, cela sécurisera d’avantage leurs capitaux puisque ce ne seront pas leur argent qui sera directement émis, mais bien de la monnaie crée et empruntée aux banques partenaires, pour les investissements en question.

À noter que toutes les mesures citées doivent fonctionner en concert l’une de l’autre. Si elles sont mises en place individuellement, la société ne pourra pas fonctionner. Voilà pourquoi le revenu universel par exemple, serait un échec, voire un coût s’il était mis en place seul. Il en est de même pour les autres mesures.

 

Bref, il n’est pas question de faire la guerre pour réinitialiser nos sociétés. Rien que la complexification de l’organisation même de la société actuelle, induite par l’augmentation du niveau de vie global, détruirait de manière difficilement réversible nos économies. Sans compter sur le fait que nous ne disposons plus de notre empire colonial, dans lequel on pouvait se réapprovisionner gratuitement en matière première et en main d’œuvre. Ce même empire colonial dont la plupart des pays sont devenus nos adversaires rendrait même ce réapprovisionnement beaucoup plus difficile. La seule solution à la crise que nous traversons actuellement, et ce sans avoir à détruire nos civilisations, c’est la Transition Sociétale.

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