L’impression en trois dimensions : une technique de fabrication révolutionnaire

Dès les débuts de la Révolution Industrielle au XIXème siècle, les premières machines à vapeur ont considérablement démultiplié la force musculaire des hommes. Le problème, c’est que ces mêmes machines étaient encombrantes par rapport à ce qu’elles étaient capables de produire. C’est pourquoi il fallait organiser la production en la divisant entre les fabricants de pièces détachées et les usines qui les assemblaient. D’immenses chaînes de production, incluant la manutention et le transport voient le jour. Toute cette chaîne de production et d’approvisionnement impliquait un coût marginal de production qui faisait que les produits avaient une certaine valeur, la valeur ajoutée. C’est sur la base de ce même coût marginal que le système capitaliste a reposé et repose toujours en ce XXIème siècle

L’impression en trois dimensions, apparue au début des années 2000, pourrait bien modifier tout le paradigme sur lequel repose notre système économique depuis la Révolution Industrielle. En effet, par ce mode de production, il est possible de produire de nombreuses pièces sur place, sans avoir à passer par des sous-traitants et des entreprises de manutention et de transport pour les acheminer. Ainsi, il est possible de produire en diminuant considérablement le coût marginal de production. Or, notre système capitaliste, reposant sur cette même notion de coût marginal, pourrait bien connaître un bouleversement dans son fonctionnement dès lors que ces imprimantes en trois dimensions vont se multiplier et seront en mesure d’imprimer de plus en plus de produit et seront de plus en plus accessibles pour les particuliers qui pourront ainsi produire à domicile ce dont ils ont besoin. Ce au fur et à mesure que l’on avance vers la fin du XXIème siècle. Ce mode de production n’est donc pas seulement un nouveau mode de production au même titre que la vapeur a remplacé la force musculaire des animaux et des hommes, c’est la charnière qui marquera l’apogée du capitalisme qui d’ici la fin du XXIème siècle, cédera la place à une nouvelle économie.

Une Révolution Industrielle marquée par un mode de production reposant sur d’immenses chaînes de production 

Si les premières machines à vapeur du XIXème siècle ont considérablement amélioré la capacité de production des entreprises en démultipliant la force musculaire des hommes, elles n’étaient pas polyvalentes.

En effet, il fallait une diversité de machines pour produire les pièces nécessaires avant l’assemblage pour fabriquer différents produits. Il fallait des machines pour usiner. Autrement dit des machines servant à sculpter les pièces requises dans différents matériaux, comme l’acier, l’aluminium, ou autres. Il en fallait aussi pour d’autres techniques de production comme le moulage, où les pièces étaient moulées dans des moules reproduisant la forme requise. Toutes ces techniques de production nécessitaient de nombreuses machines-outils ainsi que des hommes pourvus de compétences différentes pour les utiliser. Ce qui faisait que la plupart des entreprises sous-traitaient la production de pièces détachées à d’autres entreprises qui se chargeaient de les produire, pour les fournir ensuite. Une fois que ces pièces étaient achevées, il fallait les stocker dans des centres logistiques pour ensuite les acheminer vers les usines qui se chargeaient de les assembler pour ainsi produire le produit final. Pour cela, il fallait faire appel à de nombreuses sociétés de transport qui se chargeaient de la livraison entre les usines et leurs sous-traitants. De plus, ces machines à vapeur ne pouvaient fonctionner seules. Ce qui nécessitait la présence permanente de salariés dans les usines pour les faire fonctionner. Salariés ayant besoin que leur poste de travail soit aménagé de sorte qu’ils puissent travailler dans les conditions que leur impose leurs limites biologiques.

Toute cette chaîne de production et d’approvisionnement au sein des industries du XIXème et du XXème siècle, employant ces anciennes techniques de production, induisait un coût marginal de production. En effet, produire n’était pas gratuit, puisqu’il fallait bien rétribuer les différents acteurs participant à la production dans les différentes chaînes de production requises pour produire les produits demandés. C’est pour cela que la création de richesse reposait non seulement sur coût marginal de production, mais aussi sur la valeur ajoutée, qui n’est autre que la différence entre le prix de vente d’un produit et le coût de production induit par la consommation des différents produits nécessaires à la réalisation de celui-ci, soit d’une consommation intermédiaire. Moins un produit final se vend cher, plus le coût marginal de production est élevé. Ce, par le fait qu’il faille produire et vendre un certain volume de produit pour en tirer un bénéfice. Or, cela induit un certain coût que de produire énormément, notamment en volume de production. Ce qui induit plus de stockage, de transport et de surface de distribution. À l’inverse, plus un produit final se vend cher, moins il y a nécessité de générer du volume pour engranger un bénéfice. Ce qui signifie moins de volume de production, donc moins de stockage, de transport et au final moins de surface de distribution. Le coût marginal de production est ainsi bien moindre que dans le premier cas.

Des imprimantes 3D qui éliminent les chaînes de production, pour une production plus efficace et écologique

L’arrivée des imprimantes en trois dimensions pourraient bien bouleverser notre mode de production. En effet, grâce à ces nouvelles machines-outils, il est possible de dessiner les pièces requises par ordinateur, pour ensuite les produire en les imprimant sur place. De plus, ces imprimantes sont en mesure de produire une diversité d’objets, ce par simple programmation. De ce fait, plus besoin de sous-traitants à qui déléguer la production de pièces. Cela signifie également du transport, ainsi que de la surface de stockage en moins. Les grandes usines nécessitant de grandes chaînes de production et d’approvisionnement ne sont donc plus indispensables pour produire. Ce qui réduit considérablement la surface nécessaire de production. Les coûts de production vont donc considérablement diminuer du fait qu’il n’y ait plus besoin de faire appel à de nombreux prestataires pour produire tel ou tel produit. Le coût marginal de production s’amoindrit considérablement, augmentant ainsi les bénéfices des entreprises.

 

Comme on peut le voir sur ces exemples en image ci-dessus, l’impression en trois dimensions permet de produire des pièces simples, comme ces commutateurs, d’un seul tenant et en très peu de temps sur la base d’un dessin assisté par ordinateur. La technique d’impression qui consiste à empiler des matériaux couche après couche, permet de produire une diversité de pièces de formes complexes.

Ce nouvel outil de production est également l’occasion de produire de manière plus écologique. En effet, s’il est possible de produire les pièces requises sur place grâce à ces imprimantes comme mentionné précédemment, il n’y a donc plus besoin de faire appel à des sous-traitants qui useront de leurs compétences et de leurs lourds investissements en machinerie pour assurer la production. De ce fait, cela fait moins de surfaces rognées sur l’environnement pour produire et stocker. C’est aussi moins d’énergies consommée grâce notamment au transport qu’il n’y aura plus à assumer. L’impression en trois dimensions, c’est aussi du gaspillage de matière première en moins. Ce grâce à la technique consistant à empiler les couches les unes sur les autres, au lieu de l’usinage, qui implique de gaspiller de la matière première puisque le sculptage des matériaux enlève des copeaux qui doivent être recycler ensuite. Ce qui induit un coût supplémentaire. De même pour le moulage, qui nécessite d’utiliser de l’énergie et des matériaux pour produire le moule nécessaire. Sans compter sur les limites d’un tel procédé en ce qui concerne des pièces de formes plus complexes. La fabrication par empilement de couche de matériaux les unes sur les autres permet également de doser avec précision la quantité de matériaux à utiliser. Enfin, la technique d’empilement de couche permet d’obtenir des pièces complexes en un seul bloc, alors qu’il faudrait produire différentes pièces à assembler entres-elles par la suite en utilisant les techniques de productions citées précédemment.

De plus, ces imprimantes en trois dimensions ont l’avantage de créer de la richesse du simple fait de la sophistication de ces machines qui fait qu’elles pourront se vendre cher. Les entreprises les produisant réaliseront davantage de bénéfices, que l’État pourra récupérer par leur taxation. Sans compter sur les hauts salaires dont pourra bénéficier les salariés qualifiés qui occuperont les postes dans ces nouvelles industries.

Un mode de production qui pourrait mettre un terme au système capitaliste

Comme mentionné précédemment, les imprimantes en trois dimensions, de par leur polyvalence et leur efficacité à produire des pièces détachées, mettra un terme aux grandes chaînes de production et d’approvisionnement. Les grandes usines et leurs innombrables sous-traitants se feront donc de plus en plus rare dans le paysage industriel du XXIème siècle.

De ce fait, les lieux de productions pourraient bien se délocaliser dans des structures plus réduites. Dans certains cas, il sera même possible que certaines productions simples puissent se faire chez des particuliers. En effet, grâce à ces imprimantes, il sera tout à fait possible de produire des pièces complexes grâce à ces appareils peu encombrants et de plus en plus accessibles. C’est d’ores et déjà le cas des prothèses, dont certaines sont imprimées directement chez des particuliers, se regroupant au sein d’associations, et qui ne valent plus que quelques dizaines d’Euros, par rapport à d’autres modèles produits par des entreprise et qui valent plusieurs milliers d’Euros.

Cela s’explique du fait que les imprimantes en trois dimensions puissent produire quasiment n’importe quelle pièce, sans avoir besoin de lourdes et coûteuse chaînes de production, réduisant considérablement le coût marginal de production. Par rapport à un produit fabriquée dans une usine, où il a fallu faire fabriquer les premières pièces détachées, pour ensuite les transporter afin de les assembler pour les distribuer ensuite. Un produit imprimé à domicile n’ayant guère besoin de toute cette chaîne, peu donc se commercialiser à un prix très réduit.

Avec la disparition de toute ces usines, entrepôts et moyens de transport, induite par la production par impression en trois dimensions, pourrait bien entraîner la disparition du système capitaliste d’ici que les imprimantes soient en mesure d’imprimer n’importe quels objets sur demande. En effet, avec l’attrition du coût marginal de production induite par ce nouveau mode de production, il ne sera plus question de commercialiser un produit plus cher que ce que n’a coûter sa production, puisque celle-ci n’a rien coûter. Ce qui annule de fait la notion de valeur ajoutée des produits. Dès la fin du XXIème siècle, alors qu’au fil du perfectionnement de ces machines-outils que sont ces imprimantes il sera possible d’imprimer de plus en plus d’objets complexe à domicile ou chez des groupes de particulier, le capitalisme, reposant sur la valeur ajoutée qui lui-même dépend du coût marginal de production, disparaîtra pour céder sa place à une nouvelle économie, reposant sur d’autres bases.

 

 

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